« Tenaces, tenaces, tous les vendredis nous sommes là, jusqu'au départ de tout le gang », ainsi pourrait se résumer le message que voudraient transmettre les quelques 2000 manifestants qui arpentaient, cet après midi du 19 juillet, le circuit habituel du hirak sétifien. Les « hirakistes » du vendredi sont beaucoup moins nombreux, probablement à cause de l'évènement footballistique de la finale de la CAN qui crée une éphémère diversion. Mais, ils apparaissent tout aussi déterminés que dans le passé comme le suggère le bien varié catalogue de slogans. Celui-ci s'actualise et s'enrichit de semaine en semaine. On en compte à présent près d'une vingtaine, les uns plus radicaux ou même plus provocateurs que les autres. Mais le dernier né est tout simplement sidérant : « Echaab youridou el istiklal » (le peuple veut l'indépendance). Il frappe plus qu'il n'interpelle les esprits. C'est probablement l'effet recherché par les ciseleurs anonymes des mots du hirak. Le slogan catégorique ou suggestif, même excessif, doit frapper là où ça fait vraiment mal. Contrairement à ce que les images nous transmettent de la capitale, la police de Sétif reste discrète, placide, professionnelle et même courtoise vis-à-vis des manifestants qu'elle accompagne en facilitateur et protecteur tout le long de la marche et du sit in devant le siège de la wilaya. En contre partie, le hirak, veillant à son caractère pacifique et bon enfant, le lui rend bien : plus aucun slogan hostile à la police depuis 3 semaines. A Sétif, il faut certainement en prendre exemple ailleurs, « chaab et chorta » (le peuple et la police) c'est « khawa khawa » (frères, frères). Chacun devrait pouvoir faire ce qu'il a à faire sans se voir taper dessus ou se faire insulter. Hamoud ZITOUNI