En venant pour la première fois conquérir le public sétifien avec leurs Folies Berbères, les Hichem Mesbah, Athmane Bendaoud, Yacine Mesbah et le musicien Redouane Khalil ont réussi merveilleusement bien leur mission au regard de la prestation artistique fournie ce week-end à la salle polyvalente de la maison de la Culture Houari-Boumediene. C'est en effet dans un mélange de folies pleins de mouvement et de vivacité, qui attire fortement l'attention par le jeu des trois comédiens et leur fantastique capacité d'expression faciale et corporelle, que le groupe a donné l'occasion au public d'Aïn El-Fouara de suivre avec un réel plaisir ce produit artistique de haute facture. Les trois personnages - qui n'en font qu'un quelque part - parlent à tour de rôle l'arabe, l'anglais, le français, le berbère et bien d'autres langues, en refusant paradoxalement de s'écouter... de s'entendre. Ils se laissent aller cependant dans une polémique constante et un antagonisme ravageur en apparence, mais ne peuvent s'empêcher de retourner aux points communs qui les unissent pour dire les choses de la vie, voire pour dénoncer le vécu. Le tout baignant dans la dérision et l'autodérision, aussi bien dans le verbe que dans la gestuelle. Dans leur numéro captivant et loufoque à souhait, Hichem, Athmane et Yacine étalent pleines de parodies et de caricatures. Ils sillonnent aussi à travers un menu universel de chants magnifiquement exécutés avec les techniques polyphoniques. Tout comme ils excellent dans la danse pour agrémenter leur spectacle. Mais peut-on parler du resplendissement des Folies Berbères sans évoquer les mains magiques de Khalil sur sa guitare sèche. Un doigté digne des grands virtuoses en la matière en accompagnant les comédiens dans leur chants et en assurant de belles aérations en entractes. Ce spectacle versé ainsi dans le genre du music-hall, vieux pourtant de plus de 15 ans, garde toute sa splendeur et gagne même en maturité avec l'actualisation de certains faits, comme nous le précisent les membres de la troupe. Il faut dire qu'en dépit du son succès, la troupe se trouve devant un vrai dilemme, partagée entre la nécessité de se renouveler, et de remiser donc les Folies Berbères dans le tiroir (même s'ils souhaitant le filmer), et celle de se consacrer à leur nouveau spectacle. Soulignons au passage que ce dernier sera également marqué par la forme du music-hall et sera truffé de musiques, de danses et de caricatures. « Un produit qui se fera aussi dans la joie et la gaieté et qui survolera essentiellement la culture et le patrimoine algérien qui sont riches et variés », nous affirme le sympathique comédien Hichem avant d'ajouter plus loin avec enthousiasme : « Cela dit, nous sommes toujours prêts à aller nous produire avec les Folies Berbères dans les contrées les plus reculées du pays. » En attendant, on apprend que la prochaine destination de ce spectacle hilarant n'est autre que l'ouverture officielle du Festival national du cinéma amazigh, prévu à Tlemcen le 11 janvier prochain, et qui sera organisé, selon Hichem, sous le haut patronage du président de la République. Le quatuor s'envolera ensuite pour une tournée en Tunisie. par M. H. Gherib