L'ère des subventions financières de la tutelle et de la disette culturelle est en passe de céder le pas à une nouvelle approche de la gestion de la culture, celle de lancer les jalons d'un marché de l'art dans la région basé sur l'effort artistique et culturel et la qualité du produit. L'initiative a été lancée à la fin de l'année 2005 avec le programme « Noir sur blanc » qui consiste en une action de partenariat entre trois associations culturelles, les Compagnons de Nedjma de Sétif, Chrysalide d'Alger et Gertrude II de Lyon. Ce programme est diversifié et englobe les différentes expressions culturelles et formes d'art (théâtre, danse, littérature, cinéma, arts plastiques...). Le programme ne se limite pas aux représentations artistiques, il inclut aussi des ateliers pédagogiques où des experts des deux rives de la Méditerranée orientent leur action vers le public afin de l'imprégner du fait culturel. A titre d'exemple, le slam, une danse expressive américaine encore méconnue en Algérie, a profité d'un créneau particulier qui a permis à des étudiants, lycéens et enseignants de bénéficier des orientations pédagogiques prodiguées par les spécialistes de l'association lyonnaise. L'atelier de théâtre n'est pas en reste puisqu'il a suscité l'intérêt des membres des troupes de Sétif et a imprégné les participants du savoir-faire professionnel du 4ème art dans sa forme théorique. A son acte III, le programme « Noir sur blanc » délègue l'organisation à la ville de Lyon au mois de mai prochain avant sa clôture. Mais on devrait retenir qu'il s'agit d'une initiative d'associations culturelles et compagnies théâtrales indépendantes orientées vers une approche moderne de la conception du projet artistique en Algérie basée sur le partenariat et la libre entreprise. C'est l'artiste lui-même qui se charge du montage du spectacle dans tous ses aspects, tout en ayant, évidemment, recours au concours financier d'opérateurs économiques de la région. Une formule qui cède, certes, le pas à une vision dépassée de la gestion de la culture basée sur la centralisation de la décision autour de la tutelle mais qui devrait œuvrer dans le sens de l'implication du monde de la production économique dans le projet culturel. En fait, cette orientation concrète de la propagation du fait culturel par les professionnels suscite même l'adhésion de l'administration qui se retrouve déchargée de fait de la contrainte de l'organisation du spectacle et de son financement. Son apport pour la réussite de l'initiative pour laquelle des salles ont été gracieusement accordées mérite d'être signalé. Pour le cas de Sétif, c'est la maison de la Culture, le théâtre municipal et la salle d'exposition du parc d'attractions qui favorisent l'engagement des initiatives en faveur du libre concours pour la promotion de la culture. Une option qui figure sans nul doute sur le carnet de bord du ministère de la Culture dans le domaine de la vulgarisation de l'expression culturelle et artistique.A Sétif, le dernier exemple en date est donné par le Salon des arts plastiques, une manifestation unique dans la région qui a regroupé les professionnels de la sculpture et de la peinture du territoire national. Le rassemblement, en raison de son ampleur, a certes satisfait les organisateurs mais aussi les artistes exposants, selon leurs témoignages. Du côté du public, le contact avec les exposants a permis d'instaurer des rapports pédagogiques enrichissants qui plaident en faveur de la continuité de l'initiative, celle de l'action culturelle de proximité. Par Abdelhalim Benyelles La Tribune