De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi
«Jamais la direction de la culture n'a enregistré une subvention aussi conséquente que ces deux dernières années», a affirmé le directeur de cet organisme, M. Nettour. C'est une satisfaction, voire une reconnaissance en filigrane destinée à la tutelle. La direction de la culture de la wilaya de Constantine n'a donc aucun problème d'ordre financier entravant sa mission de promouvoir les activités culturelles. Encore moins d'entrave endiguant l'exécution des directives du ministère quant aux manifestations inépuisables du riche patrimoine national. Si le montant de la subvention annuelle n'a pas été révélé par notre interlocuteur, il n'en demeure pas moins que celui-ci attestera : «Les 36 travailleurs affiliés à sa direction n'accumulent aucun retard dans leur payement. Au cas où le budget initial ne couvrirait pas les charges, le Trésor s'en chargera. Toutefois, le budget supplémentaire régulera la défaillance.» En dépit de cette abondance de la manne étatique, il semblerait que le secteur culturel dans son aspect large ne soit pas à l'abri d'une assistance pour subvenir à la survie de ses deux palais de la culture. De fait, la location permanente du hall de la maison de la culture Mohamed El Khalifa ne reflète pas du tout la bonne santé financière du secteur à Constantine. Dans le cas contraire, le département est interpellé pour clarifier le mode et les libertés de ces décideurs à «céder» cet espace pour des circonstances extra culturelles, ne répondant à aucune impérative de la commande. Les directions de la culture et des deux palais sont dissociées. Le directeur de la culture défend son secteur, alors que le responsable des maisons crie au manque financier, ce qui le contraint à louer pour subvenir aux charges de son palais… A quel prix ? Au point d'enfreindre la légalité ? Du moins, d'aucuns estiment que la présence de locataires «habitués» à longueur d'année reflète une aura énigmatique dans la procédure. Constantine vit une dissidence dans la gestion de son volet culturel. Une anomalie à laquelle la tutelle devrait s'atteler pour rééquilibrer la manne et permettre à l'ensemble des responsables du secteur d'œuvrer en symbiose. Cette éventuelle régulation permettrait non seulement un essor à la culture, mais aussi donnerait un coup de pied dans la fourmilière pour chasser «l'informel culturel» qui entache le palais baptisé pourtant au nom d'El Khalifa. S'agissant des prérogatives de la direction de la culture, elles cadrent bien évidemment avec le programme tracé par la centrale. «Patrimoine, éditions, échanges extra muros.» Un triptyque tracé par la ministre de la Culture et répandu à l'unisson dans toutes les maisons culturelles algériennes. C'est pour dire que la suggestion émanant d'une quelconque direction aurait de faibles chances d'aboutir, et ce, après l'avoir passée au peigne fin. «Je suis un exécutant du programme provenant de la tutelle», dira notre interlocuteur, et de se justifier : «Evidemment, tout le programme concocté par la centrale est le fruit pour la plupart des séances de concertation avec la ministre. Au moins 5 sessions sont organisées par an en vue de décider d'une plate-forme et de planning inhérents à l'activité.» Festivals (malouf, dima jazz), échanges inter-wilayas, éditions de livres (1 000 titres prévus cette année à travers le territoire), ce sont des acquis pour la culture locale, estimera-t-il, indiquant l'ouverture de bibliothèque dans chacune des communes de la wilaya. C'est pour dire que, sur le terrain officiel, Constantine est présente. Ainsi, l'autonomie de la proposition pouvant naître du secteur ne serait tolérée que dans un éventail répondant à des critères cités par la plate-forme de départ. «Elle [la direction] adhère à toute idée culturelle qui apporte un plus à Constantine. Cela dit, on ne fait pas de distinction entre les initiatives provenant du privé et celles issues d'autres secteurs. On applique, certes, le programme élaboré dans le cadre national, garant de la promotion de notre culture, mais sans exclure les efforts intellectuels des autres acteurs activant à l'échelle locale. Je citerai, entre autres, les éditions Média-Plus qui font de l'animation culturelle livresque, ou encore les associations du malouf qui honorent la ville par leur présence aux différentes manifestations», soutient Nettour avant de lancer dans la foulée un appel «à toute association dont le programme et la fiche technique sont connus de se présenter à la direction en vue d'étudier un éventuel financement.» Dans ce registre, il faut savoir qu'au moins 4 associations ont bénéficié d'un apport financier pour concrétiser leur projet. Prochainement, un millier de coffrets des chouyoukh du malouf seront commercialisés. En somme, Constantine couvre bien ses charges culturelles mais sans vraiment forcer le destin… pour rendre la pareille au pourvoyeur de fonds en innovant un tant soi peu… Elargir, multiplier les concertations avec les artisans locaux pourrait générer un plus pour consolider au moins les programmes officiels. Au Théâtre régional (TRC), c'est la même réjouissance affichée par les responsables des planches. Et pourtant le baromètre des productions n'indique que peu de «nouveau-nés». La tutelle ne devrait–elle pas accorder un peu de latitude aux responsables de la culture afin de produire, voire d'étoffer le plateau culturel dispatché par Mme Toumi ? A l'image des larges subventions allouées. Ce serait mieux pour contrebalancer la disproportion regroupant la satisfaction financière et l'effort… de créativité.