Acteur incontournable de la scène politique irakienne, le Premier ministre a assisté, hier à Baghdad, à la rencontre entre Iraniens et Américains. Soucieux d'asseoir son autorité sur le pays, et de faire avancer son projet de réconciliation nationale, Nouri El Maliki a grand intérêt à ce que cette reprise de langue se concrétise sur le terrain Le prétexte irakien a encore de beaux jours devant lui. Lorsqu'en mai dernier, le dégel avait été amorcé entre Washington et Téhéran, il fallait trouver une bonne raison pour expliquer à 300 millions d'Américains pourquoi leur pays acceptait de reprendre langue avec un Etat membre de l'« axe du mal ». La raison invoquée n'est pas convaincante, mais elle passe bien au vu de la situation sécuritaire dramatique en Irak. Recommandé par la commission Baker-Hamilton, le dialogue américano-iranien devenait indispensable à ce moment crucial. Alors que le sang coule à flots dans les villes de l'ancienne Mésopotamie, et que l'instabilité gagne du terrain, la République islamique se voit enfin offrir l'occasion de se racheter vis-à-vis d'un Occident méfiant de jour en jour. Les intermédiaires sont les mêmes qu'en mai dernier : l'ambassadeur à Baghdad Ryan Crocker, côté américain, et son homologue Hassan Kadhemi Komi, côté iranien. Acteur incontournable de la scène politique irakienne, le Premier ministre a assisté à la rencontre hier dans la capitale. Soucieux d'asseoir son autorité sur le pays, et de faire avancer son projet de réconciliation nationale, Nouri El Maliki a grand intérêt à ce que cette reprise de langue se concrétise sur le terrain. Les rapports irako-iraniens se sont améliorés à une vitesse fulgurante depuis ces deux dernières années. Le président Jalal Talabani s'est rendu à deux reprises à Téhéran depuis novembre dernier, et Mahmoud Ahmadinejad ne cache plus son appui aux autorités irakiennes. Mais il en faudra davantage pour décider les Etats-Unis à reconsidérer leurs relations avec la République islamique. Le porte-parole du département d'Etat a de nouveau accusé Téhéran hier d'armer les combattants irakiens, et de contribuer au terrorisme dans le pays. Sean McCormack et son collègue Tony Snow de la Maison-Blanche se font la voix officielle d'une Amérique réticente à toute normalisation avec les pays qu'elle classe dans son axe du mal. Le dernier sondage vient d'une certaine manière désapprouver leur vision unilatérale et sectaire de la situation en Irak. Dans la bataille qui fait rage au Congrès depuis des semaines, une étude d'opinion propulse les Démocrates au pinacle quant à un règlement de ce conflit absurde. 62% des personnes interrogées estiment que la Chambre des représentants et le Sénat sont plus à même de décider quand leurs militaires devraient quitter l'Irak que la Maison-Blanche. Camouflet pour une administration aux abois depuis que le nombre des soldats américains tués s'approche du chiffre macabre des 4 000 morts (3 632 exactement). Hier encore, une vague de violence meurtrière et routinière à la fois s'est déchaînée dans le pays. Au moment où la diplomatie battait de l'aile dans les bureaux d'El Maliki, le sang, lui, coulait avec vigueur. La ville d'El Hilla a vécu l'horreur hier en début de matinée. Un véhicule piégé a explosé près d'un hôpital pour enfants. Le bilan est effarant. Pas moins de 42 personnes ont perdu la vie. Quatre ans et demi après le début de la troisième guerre du Golfe, ce ne sont plus les policiers et les soldats étrangers qui sont uniquement visés, mais les civils et les enfants. Une vision nouvelle de ce que peut atteindre l'ignominie signée Al Qaïda. M. K. D. La Tribune