L'armée libanaise a enfin pris définitivement le contrôle du camp palestinien de Nahr El Bared, dans le nord du Liban, après plus de trois mois de combats meurtriers l'ayant opposée à l'obscur groupe Fatah al islam. Le camp de réfugiés où était retranché depuis le 20 mai le groupe armé est tombé aux mains de l'armée après une opération désespérée de fuite pendant la nuit. Trente-sept islamistes ont été tués dans l'attaque et une quinzaine d'autres capturés. Parmi les morts se trouve le chef du Fatah al islam, le Palestinien Chaker Al Abssi, dont le corps a été identifié à la morgue de Tripoli par sa femme. L'issue heureuse d'une crise qui inquiétait tout le Liban et qui a réveillé les démons de la guerre civile n'a pas laissé grand monde indifférent. Le Premier ministre Fouad Siniora a salué la « plus grande victoire » du Liban contre le terrorisme, et s'est engagé à reconstruire le camp en ruine. Il a appelé les éventuels pays donateurs à se réunir le 10 septembre pour redonner vie au camp et effacer les traces de l'horreur. Il a assuré que, désormais, le camp passerait sous le contrôle de l'Etat libanais. Il est à rappeler que les 12 camps de réfugiés palestiniens disséminés sur le territoire libanais échappent complètement à l'autorité de l'Etat. Une situation qui a justement compliqué la résorption d'une crise qui aurait pu être fatale pour le semblant de quiétude au pays du Cèdre. L'issue de la crise a été accueillie par des scènes de liesse autour du camp, où se sont précipités des milliers d'habitants des alentours. L'armée libanaise qui a accueilli la fin des hostilités comme une délivrance était toujours hier à la recherche, dans les montagnes des environs, des militants du Fatah al islam qui auraient réussi à s'évanouir dans la nature. Toute la matinée d'hier, les commandos des forces spéciales ont traqué les derniers islamistes embusqués dans le camp. L'armée devait encore explorer les ruines du camp, parsemées de pièges explosifs, appréhendant des « surprises » dont le Fatah al islam est paru spécialiste. Le mouvement islamiste a étonné les analystes et observateurs par sa maîtrise aiguë de la guérilla. L'armée a exhorté les 31 000 habitants de Nahr El Bared qui avaient évacué le camp au début des combats de ne pas rentrer chez eux avant que la zone soit nettoyée. Damas, pointé du doigt à chaque « éternuement » au Liban, et accusée par les Etats-Unis de tous les maux au pays du Cèdre a félicité, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Walid Mouallem, l'armée libanaise pour ce succès. La Syrie compte parmi les Etats soupçonnés d'être l'instigateur du mouvement islamiste Fatah al islam. Chose que Damas a toujours réfutée, invitant plutôt à regarder du côté des parties intéressées à créer un adversaire au Hezbollah. La crise de Nahr El Bared sur fond de crise politique aiguë a aggravé le climat d'instabilité au Liban. Sa fin constituera-t-elle un déclic pour une réconciliation entre les « frères ennemis » ? *