L'armée libanaise s'apprêtait hier à nettoyer le camp de Nahr Al-Bared après plus de trois mois de siège. L'armée libanaise était sur le point hier d'investir le camp de Nahr Al-Bared au nord de Tripoli où sont retranchés une centaine d'islamistes du groupe Fatah al-Islam, affilié à Al Qaîda. Selon les porte- parole de l'armée ce n'est plus qu'une question d'heure alors que la résistance à l'intérieur du camp s'amenuise de plus en plus. Hier, après de durs combats, une vingtaine d'islamistes ont été tués, alors qu'ils tentaient de s'échapper de l'étau dans lequel les troupes libanaises les ont enserrés. Les membres de Fatah al-Islam - leur nombre exact restait inconnu - ont certes résisté plus de trois mois, mais le temps jouait clairement contre eux. En fait, les choses ne pouvaient avoir une autre issue après l'évacuation, le 24 août, des familles des islamistes assiégés. C'est la présence de ces familles qui a empêché l'armée d'agir avec de grands moyens, que les choses aient pu durer aussi longtemps malgré le fait que les bombardements du camp n'avaient pas cessé. Hier, les combattants du groupe Fatah al-Islam avaient tenté une évasion de masse laquelle s'est traduite par une Bérézina pour les islamistes dont une vingtaine ont été tués par l'armée et beaucoup d'autres fait prisonniers. Selon un porte-parole de l'armée libanaise «pas un seul d'entre eux n'est parvenu à sortir du camp et à s'échapper, d'après ce que je sais». Si les islamistes de Fatah al-Islam semblaient hier en déroute, l'armée libanaise n'était toujours pas entrée dans le camp, mais était prête à y pénétrer dès que les conditions s'y prêteraient. L'affaire du camp de Nahr Al-Bared a débuté le 20 mai dernier après un violent accrochage entre une patrouille de l'armée libanaise et un groupe de personnes qui se sont révélées, plus tard, être des membres d'un groupuscule, «Fatah al-Islam» jusqu'alors inconnu. Ce groupe composé de plusieurs dizaines de personnes s'est ensuite retranché dans le camp palestinien de Nahr Al-Bared, - sis à la périphérie nord de la métropole libanaise, Tripoli - le plus grand camp de réfugiés palestiniens, qui abritait plus de 31.000 personnes - toutes évacuées depuis - avant les événements. Outre le siège que maintenait l'armée libanaise, la mort du numéro deux de Fatah al-Islam, Abou Houreira, abattu le 6 août par des soldats dans un barrage militaire a encore assombri le moral des membres du groupe qui n'avaient le choix qu'entre la mort ou la reddition. Un autre coup est porté à Fatah al-Islam, désormais inscrit sur la liste américaine des organisations terroristes. A la mi-août, le général Michel Sleimane, chef de l'armée - et probable candidat à la présidence de l'Etat - affirme que le groupe Fatah al-Islam est «lié à Al-Qaîda» sans qu'il donne, par ailleurs, d'autres indications sur cette affirmation. Au courant de la dernières semaine d'août, le gouvernement libanais inculpe pour meurtre plus de 200 militants présumés du groupe incriminé arrêtés lors des trois derniers mois. Réduit dans ses derniers retranchements, ce qui restait du Fatah al-Islam a donc tenté hier un coup de force en vue de briser le siège et d'une problématique évasion. Ce coup a cependant échoué. Il était patent toutefois que le groupe retranché à Nahr Al-Bared avait brûlé ses derniers vaisseaux lors de l'évacuation des derniers civils et familles encore présents qui constituaient le seul obstacle à une action d'envergure de l'armée. Il faut relever toutefois que la résistance du groupe est, à tout le moins, phénoménale. D'ailleurs, les officiers de l'armée libanaise n'ont pas caché, à plusieurs reprises, leur surprise face à la résistance dont le groupe faisait montre. Un groupe de toute évidence bien armé et bien entraîné. Ce qui accrédite la thèse avancée par des officiers libanais, selon laquelle, le groupe préparait, pour le compte d'Al Qaîda, des attaques de grande envergure contre des objectifs, sans doute occidentaux, au Liban. Reste cependant l'énigme du chef du groupe Fatah al-Islam, le Palestinien, Chaker Absi, dont l'un des faits d'armes est d'avoir purgé en Syrie une peine de prison, pour affiliation à Al Qaîda - dont on ignorait hier le sort alors que son adjoint, Abou Houreira, était tué le 6 août. Notons, que la femme et les enfants de Chaker Absi avaient été autorisés, avec le reste des familles des militants, à évacuer le camp le 24 août passé. De fait, le départ des familles avait rendu le groupe vulnérable et ouvert la voie à l'armée qui voulait achever un travail commencé le 20 mai dernier.