« 16 années après le coup d'Etat de 1992, on continue à organiser des attentats à 200 mètres de la plus grande caserne de la Kabylie. » C'est en ces termes que le premier secrétaire du FFS, Karim Tabbou, a expliqué la dernière tentative d'attentat perpétrée contre sa personne, lors de son passage à Sétif, jeudi dernier, dans le cadre d'une assemblée générale inscrite dans la nouvelle stratégie de restructuration de son parti, au lendemain des élections communales. Son collègue et membre du secrétariat national a déclaré, dès l'ouverture des travaux de la séance ayant regroupé les militants du parti et des sympathisants : « On nous a spolié des listes de Sétif composées de membres intègres », a-t-il lancé devant une assistance tout acquise. Mais lorsque la parole fut cédée au premier secrétaire du FFS, ce dernier s'est longuement attardé sur les circonstances de l'attentat dont il a été victime ces derniers jours. « Le plus important n'est pas l'aspect policier de l'attentat, mais l'échec de la politique sécuritaire adoptée par les responsables du pays », a-t-il dit, en citant pour exemples les attentats du palais du gouvernement, du Conseil constitutionnel et du bureau des Nations unies. L'orateur dira à ce sujet que l'équation d'Al Qaïda est inacceptable en Algérie, avant de s'attaquer directement à la thèse de soutien au 3e mandat du président de la République. « Ceux qui réclament le renouvellement du mandat du Président le font pour eux-mêmes et non pour le Président », a-t-il clamé, car, pour lui, la scène politique en Algérie est animée par les « courtisans du Président ». Une situation qu'il considère d'ailleurs « paradoxale » au moment où la conjoncture politique nationale n'est plus une affaire d'homme mais de changement de système, avant de revenir à la charge en prenant pour exemple la France et les Etats-Unis dans le domaine des principes de l'alternance du pouvoir et de limitation de mandat du Président qui sont inscrits, selon lui, dans la démarche des principes de la République. Dans le cas contraire, la situation risque de verser dans la monarchie, conclut-il. Il s'agit là d'un réquisitoire sévère à l'égard du système politique, et d'un cheminement linéaire visible allant tout droit vers l'objet de la visite du porte-parole de Hocine Aït Ahmed, dont l'information du retour au pays n'a pas manqué de faire vite le tour de la salle. « Le FFS propose une alternative de changement grâce aux démarches entreprises par 3 personnalités de l'élite politique algérienne qui vont œuvrer pour la réconciliation nationale et le retour à la démocratie », a lâché Karim Tabbou. Les militants du FFS étaient au fait de l'initiative entreprise par leur parti, mais ils étaient venus nombreux écouter les déclarations officielles rapportées par le représentant de leur parti. Il s'agit, en fait, d'un trio composé de Mehri, de Hamrouche et d'Aït Ahmed, qui tentera de redéployer le champ politique national, par le biais de leurs sorties publiques, annoncées dans les tous prochains jours. L'initiative prônée par les trois personnalités consistera, selon Karim Tabbou, à lancer un appel en direction du peuple et du pouvoir dans le domaine de la « construction du pouvoir » sur de nouvelles bases. Mais sans pour autant expliquer la stratégie politique qui s'apparente au contrat de Rome de 1994 et qui sera entamée, vraisemblablement, dès le retour d'Aït Ahmed en Algérie. Le premier secrétaire du FFS citera les exemples de l'échec du gouvernement Sifi basé sur la technocratie, de Benbitour et de Smaïl Hamdani qui ont préconisé les approches économiques administratives. « Il n'y a pas de possibilité de réformer le système de l'intérieur », s'est exclamé Karim Tabbou. « Pour cela, a-t-il dit, il faut mobiliser les syndicats, les partis et les journalistes dans le domaine des nouveaux choix politiques. » L'objectif de la campagne politique initiée par le FFS serait, selon Tabou, d'amener la masse de la population silencieuse, évaluée selon le porte-parole du FFS, à 70% à voter, car le reste constitué des 30% votants « permanents » est attribué aux rentiers du système, « ceux qui alimentent la circulation tard dans la soirée à Alger », une expression qui traduit l'ironie et l'humour qui n'ont, d'ailleurs, pas manqué d'animer le discours du représentant du FFS. A. B.