Intervenant lors d'une conférence organisée à l'occasion du 46e anniversaire de la proclamationdu FFS, Karim Tabbou a étayé son propos par le fait que le président de la République ignore les institutions du pays. Le pouvoir algérien ne veut pas se conformer au contrôle démocratique des institutions du pays. C'est ce qu'a déclaré, hier à Tizi Ouzou, le premier secrétaire national du Front des forces socialistes (FFS). Intervenant lors d'une conférence organisée à l'occasion du 46e anniversaire de la proclamation du FFS, Karim Tabbou a étayé son propos par le fait que le président de la République ignore les institutions du pays. “Le chef de l'Etat ne tient même pas compte des institutions, il préfère passer les lois par voie d'ordonnance. C'est un comportement méprisant à l'égard des Algériens”, dénonce d'emblée M. Tabbou, sous les applaudissements d'une assistance nombreuse. Pour convaincre, l'orateur cite l'exemple de la loi de finances complémentaire, une loi qui a été à l'origine de ce qui est appelé communément “le feuilleton de l'été”. Ainsi, à ses yeux, l'Algérie demeure pratiquement le seul pays à fonctionner avec deux lois de finances sur l'année. Or, “dans les pays qui se respectent, une loi de finances complémentaire n'intervient qu'à titre exceptionnel, mais chez nous, le gouvernement recourt à ce procédé de manière systématique”. Le premier secrétaire national du parti de Hocine Aït Ahmed croit déceler dans cette manière de gérer les affaires du pays des signes d'incompétence et d'incurie. “C'est le propre d'un gouvernement qui ne veut pas avoir une projection sur l'année”, regrette-t-il, avant de s'interroger : “Pourquoi une loi de finances complémentaire ?” Et de suggérer la réponse en affirmant qu'il y a manifestement incompétence et incurie. “C'est pourquoi le pouvoir ne veut pas se conformer au contrôle démocratique”, fera-t-il remarquer. Poursuivant son réquisitoire, le conférencier tombera à bras raccourcis sur le pouvoir et son premier représentant, en l'occurrence le président de la République. “Au lieu d'aborder les vrais problèmes et d'envisager des solutions à l'impasse historique actuelle, le pays continue d'être l'otage d'une vraie organisation mafieuse qui fait office d'Etat”, tempête-t-il. “Nous n'avons pas d'Etat”, regrette encore Tabbou. Celui-ci estime que, depuis l'été 1962, le pays a assisté à “une succession de coups de force par un pouvoir qui ne veut pas écouter les Algériens”. M. Tabbou dira que le pouvoir est nourri à la culture de la violence depuis le coup d'Etat orchestré par l'état-major contre le gouvernement provisoire (GPRA). Abordant l'épisode des maquis du FFS en 1963, l'intervenant considère les 400 martyrs du FFS comme “le drapeau démocratique du peuple algérien”. “C'est le pouvoir illégitime installé par la force et la violence qui avait contraint un mouvement pacifique comme le FFS à la résistance”, explique Tabbou. Les projections de ce dernier semblent converger vers l'optimisme. “Tôt ou tard, il faudra reconstruire le pays sur les vérités historiques”, professe-t-il. Une conviction chevillée que Tabbou veut défendre mordicus, en dépit, reconnaît-il, du fait que l'étau se resserre de plus en plus sur l'action militante et l'expression libre. “Nous avons une dette envers l'Histoire”, tonne le responsable du FFS. Se pose alors la question simple : “Voulons-nous capituler ou voulons-nous, au contraire, poursuivre le combat ?” suggère l'orateur. Le plus vieux parti d'opposition a choisi son camp, selon son premier secrétaire national : continuer le combat démocratique. Hier, à l'issue de la conférence, le FFS a honoré Lakhdar Bouregaâ, ancien commandant de l'ALN et fondateur du FFS, en lui attribuant “la médaille du combattant”. Signalons qu'une gerbe de fleurs a été déposée au Carré des martyrs de 1963 au cimetière de M'douha.