De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Le quarante-sixième anniversaire de la fondation du Front des forces socialistes, hier, a été l'occasion pour le premier secrétaire national de ce parti, Karim Tabbou, de critiquer de nouveau le pouvoir et de façon toujours aussi virulente, et ce, lors d'une conférence animée à cette occasion, en compagnie du commandant de l'ALN Lakhdar Bouregaa, à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Rappelant la promesse du chef de l'Etat de faire de son troisième mandat, un mandat pour la jeunesse, Karim Tabbou se demandera de «quelle jeunesse parlait Bouteflika», et de marteler que, pour Bouteflika, «le premier mandat a été celui de la jeunesse hittiste, le second a été un mandat de la jeunesse terroriste et le troisième est le mandat de la jeunesse harraga». L'orateur poursuivra ses critiques à l'égard du président Bouteflika, notamment sa propension à légiférer par ordonnance, qualifiant cette attitude de mépris envers les institutions de l'Etat et le peuple.«Nous n'avons pas d'Etat», lance-t-il avant de dénoncer l'assassinat de harraga en pleine mer par l'Algérie, sans dire exactement qui sont les auteurs de ces assassinats. «Des jeunes harraga sont abattus par balles réelles car ils sont gênés par ce phénomène de harraga algériens qui veulent fuir un pays sans espoir et sans avenir», accuse Karim Tabbou tout en affirmant que l'Etat algérien n'a pas su négocier avec les pays européens la question de l'immigration clandestine comme l'a fait le Maroc. Le conférencier ajoute dans ce sens : «Nous ne voulons pas que l'Algérie soit une caserne» qui empêche les jeunes d'aller en Europe. Dans ce sillage, il dénoncera la criminalisation par les autorités de la harga (tentative d'émigration clandestine, ndlr) qui ne peut constituer, pour le responsable du FFS, une solution à ce phénomène dramatique. Karim Tabbou saisira l'occasion de cette rencontre avec le public pour répondre à la contribution d'un sociologue parue dans les colonnes d'un quotidien national et rappeler que le FFS reste un parti national et qu'il n'est pas question de le ghettoïser en Kabylie. «Malgré tous les coups bas du pouvoir, le FFS reste un parti national au moins par l'amour de ses militants pour l'Algérie.» Evoquant les différentes manipulations du pouvoir pour faire disparaître son parti depuis sa création en 1963, l'orateur considère que «le FFS est un miracle. C'est un miracle qu'il soit toujours sur la scène malgré toutes les attaques menées par le pouvoir», non sans rendre un vibrant hommage aux premiers militants du parti de 1963, dont les plus de 400 martyrs auxquels il donnera le statut de «drapeau démocratique du peuple algérien». Avant l'intervention de Karim Tabbou, l'ancien commandant de l'ALN Lakhdar Bouregaa qui est aussi membre fondateur du FFS a pris la parole pour évoquer la révolution et rendre hommage aux martyrs, «seuls héros de la guerre de libération nationale parce que ceux qui ont survécu pouvait changer en cours de route, trahir ou se rallier» et raconter l'état d'esprit de beaucoup de moudjahidine au lendemain de l'indépendance. «A l'époque, nous ne comprenions pas les jeux de coulisses. Nous avions besoin d'un homme à suivre et Hocine Aït Ahmed s'était bien distingué. Il avait montré des positions claires. Il ne s'est pas impliqué dans la guerre de clans et il a donné sa vision de l'avenir», se souvient l'un des fondateurs du FFS qui a été celui chargé de lire la proclamation du FFS le 29 septembre 1963 à Médéa en même temps que Hocine Aït Ahmed à Tizi Ouzou. A l'issue de la conférence, les centaines de personnes présentes ont participé à la marche silencieuse qui les a conduits au cimetière de M'Douha où une gerbe de fleurs a été déposée au pied de la stèle érigée à la mémoire des martyrs du FFS de 1963.