En dépit des grosses sommes puisées sur les fonds de l'Etat et consenties au bénéfice des jeunes diplômés au terme de la politique d'aide à la création de micro-entreprise dans ses deux versions ANSEJ et CNAC, l'équation valeur ajoutée - entreprises créées demeure très loin d'atteindre un indice significatif. C'est ce que vient de révéler une analyse faite par un économiste universitaire affirmant que les nombreux investissements initiés dans le cadre de ces deux dispositifs sont loin d'avoir la force de soutenir les assises de l'économie locale, voire régionale. En effet, souligne-t-il, « l'idée au départ était de laisser aux jeunes promoteurs l'initiative de penser puis de proposer leurs propres idées d'investissement, alors que la tendance générale portait notamment sur des projets plutôt commerciaux ou sur des prestations de services secondaires que sur les idées d'investissement qui font appel à l'élément engineering créateur de plus-value. Les institutions financières ne tablaient pour leur part que sur les actions jugées banquables, c'est-à-dire celles permettant aux flux d'argent de transiter dans le circuit officiel, sans tenir compte soit de la pérennité, soit du développement futur de l'investissement en question ». Et de poursuivre : « En somme, les deux entités, à savoir les fonds l'aide de l'Etat et les institutions financières, ne se préoccupent nullement du pouvoir de compétitivité, voire de la survie dans l'espace temps de l'entreprise créée ». Economiquement parlant, il existe deux facteurs qui handicapent l'adaptation d'une entreprise qui démarre dans le cadre des dispositifs CNAC et ANSEJ, débouchant sur un double échec. Le premier facteur renvoie au fait que le crédit contracté par le jeune promoteur devient lui-même un quasi-blocage à toute tentative de développement et d'évolution. A ce sujet, notre interlocuteur dira : « Une partie des revenus que peut réaliser un promoteur ne peut être consacrée à l'amélioration du produit, son adaptation aux besoins réels actuels et futurs. Le fonds propre n'étant que de l'ordre de 20%, voir le concours des fonds (rapport annuités/amortissement) ». Le second facteur renvoie au fait que l'aval pour les investissements ne soit basé sur aucune conception stratégique et conceptuelle pour l'émergence d'un tout-économique soutenu par un filet de PME-PMI complémentaire. Ces faits poussent et encouragent à l'apparition de deux phénomènes, le premier étant celui de l'échec du volet social en terme de création de postes d'emploi, vu que les investissements concrétisés n'absorbent dans leur globalité que moins 2,3% de la demande sur le marché (cas de la wilaya de Sétif). Secundo, l'échec sur le plan d'aide à l'adaptation des nouveaux promoteurs aux impératifs de la mondialisation. Sur le plan statistique, il s'avère qu'en moyenne plus de 65% des promoteurs financés dans le cadre des deux dispositifs éprouvent des difficultés financières qui les placent dans l'impossibilité d'honorer leurs engagements vis-à-vis des banques pourvoyeuses des fonds remboursables. Une véritable épreuve d'étau guette désormais de milliers de jeunes promoteurs qui faute de pouvoir assurer une rentabilité durable se voient pris dans le piège de la dette vis-à-vis de la banque. Lors de notre entretien, l'économiste a tenu à mettre en exergue le fait que désormais les outils de la compétition ne s'articulent pas seulement autour des deux maillons classiques, à savoir l'outil de production, son degré technologique, et la qualification du personnel. Pour lui, deux instruments nouveaux constituent aujourd'hui des outils stratégiques indispensables pour aider l'entreprise à livrer la bataille de la concurrence. Il s'agit de l'outil dit gestion des connaissances (knowledge management) et de celui dit intelligence économique. « La connaissance en entreprise se traduit par un mémoire que les gestionnaires confectionnent sur la base de la collecte des rapports de chantiers et de missions, des mémoires de projets, des codifications des expériences cumulées. Elle doit aussi refléter une expérience qui devient elle-même une mémoire vivante et impliquée », dira notre interlocuteur.