En une seule décennie, la wilaya de Skikda a perdu 25 entreprises (Enapal, Ecotra…). Durant cette même période 11 autres entreprises se sont retrouvées dans l'obligation de recourir à une compression (SNTR, EBS…). Plus de 4 400 travailleurs étaient alors venu amplifier un taux de chômage déjà assez considérable. La nature a certes horreur du vide, mais faut-il encore bien le combler. C'est ce que tente d'accomplir la caisse nationale d'allocation chômage (CNAC) avec d'autres organismes comme l'Ansej et l'Angem. Le dispositif pour la création d'entreprises mis en place par la CNAC depuis avril 2004 commence, bien que timidement, à donner ses premiers fruits. Pour la wilaya de Skikda, 56 microentreprises ont été créées au profit des chômeurs âgés de 35 à 55 ans au courant de la seule année 2006. Cette action a permis de générer 172 postes d'emploi. Ce bilan présenté par CNAC se prête cependant à deux lectures très distinctes et singulièrement tangibles. La première accorderait facilement le qualificatif d'exploit au bilan de la CNAC compte tenu de sa primeur et surtout des méandres bancaires qui continuent de miner l'ensemble des dispositifs d'aide à la création d'entreprises (CNAC, ANJEM et ANSEJ). La seconde par contre dresserait tout simplement un constat d'échec au vu du nombre assez conséquent de dossiers en souffrance au niveau des banques. Une réalité qui risque de briser tout engouement et hypothéquer même l'avenir des 2 millions de postes d'emploi visés par le programme du président de la République. Cependant et quelle que soit la version retenue, il demeure une réalité assez encourageante : le dispositif CNAC à Skikda a au moins le mérite d'avancer. Qu'on en juge : « en 2005, nous n'avons réussi à réaliser que 20 entreprises pour passer à 56 en 2006. Nous cumulons un bilan de 76 entreprises et plus de 220 postes d'emploi depuis l'avènement du dispositif. Pour 2007, nous nous attendons à de meilleurs résultats », tiendra à mentionner M Bouleknafet, responsable de l'agence CNAC de Skikda. Les prévisions assez légitimes de la Cnac restent cependant tributaires des « humeurs bancaires ». « Nous relevons un certain engouement chez cette frange de chômeurs puisque nous avons réceptionné à ce jour 753 dossiers dont 41 présentés par des femmes. Notre comité de sélection et de validation a entériné 507 projets de création d'entreprises », rapporte M Bouleknafet, qui précise que de cet ensemble, « 288 dossiers ont été déposés au niveau des cinq banques nationales qui notifieront le rejet de 82 dossiers ». Ces rejets, motivés ou non, sont souvent évoqués par les dispositifs de la Cnac et de l'Ansej qui sont obligés de recourir au montage financier pour mener à terme les projets proposés.Et bien qu'une convention cadre existe et lie la Cnac aux banques, ces dernières qui doivent certainement avoir leurs raisons, tardent encore à accompagner la mue que vit le secteur de la création de microentreprises. Comme exemple on peut citer le temps que prennent les banques pour signifier au porteur du projet le sort de son dossier. Selon la convention cadre, ce délai ne devrait pas dépasser les trois mois, dans la réalité il risque de durer une éternité. Mais cela ne devrait pas cacher d'autres réalités et d'autres questions relatives à ce sujet, qui doivent être posées. A-t-on mis à la disposition des banques le personnel et les moyens adéquats pour accompagner l'ensemble des dispositifs de financement ? A-t-on conscience des problèmes des banques elles-mêmes qui recourent des fois au système D pour pouvoir dégager un agent à la caisse ? En répondant à ces questions on en tirera une seule conclusion : l'Etat et dans sa légendaire politique populiste a souvent tendance à mettre la charrue devant les bœufs… L'Ansej, la Cnac… C'est un peu ça !