Une visite au camp de détention et de torture, créé par les forces coloniales à Kasr El Abtal (sud de Sétif), a été organisée, samedi, au profit d'une centaine de jeunes par la ligue de wilaya des activités de plein air, au lendemain de la célébration de la journée nationale du Chahid. Cette visite guidée vise à sensibiliser les jeunes notamment, les écoliers, aux sacrifices consentis par leurs aïeux pour le recouvrement de l'indépendance, selon ses initiateurs. Elle vise également à développer chez eux les valeurs du nationalisme et de la citoyenneté en les associant à la célébration de cette journée historique. Le centre de détention de Kasr El Abtal, anciennement Kasr Ettaïr, appelé aussi "camp de la mort", est l'une des plus sinistres et plus grandes structures du genre à avoir été construites par l'armée d'occupation française qui y pratiquait toutes sortes de tortures, d'exactions et de manipulations psychologiques. Les détenus étaient obligés de creuser le sol et de fabriquer des pisés qu'ils devaient ensuite pulvériser avant de recommencer ces travaux forcés que certains ont enduré pendant plusieurs années. Durant certaines nuits d'hiver, racontent des témoins rescapés de ce sinistre endroit, des détenus étaient réveillés à coup de gourdins et conduits dévêtus et pieds nus vers un oued mitoyen servant de dépotoir de déchets saupoudrés à dessein de morceaux de verre brisé. Les prisonniers subissaient également les campagnes psychologiques des services spéciaux pour les amener à reconnaître les prétendues "réalisations" françaises en Algérie et "l'œuvre civilisatrice des colons". Des milliers de Moudjahidine et de civils des différentes régions du pays ont séjourné dans ce camp de détention entouré de trois lignes de fil de fer barbelé, de champs minés et gardé par des chiens policiers. Plus de 3.000 personnes y ont été détenues. En 1973, la dénomination de Kasr Ettaïr (palais de l'aigle) devient Kasr El Abtal (palais des héros) en d'hommage aux lourds sacrifices consentis par le peuple algérien pour s'affranchir du joug colonial.