Dans les pr?occupations journali?res centr?es plus particuli?rement sur les difficult?s ? joindre les deux bouts, dans les discours officiels des autorit?s publiques, il n?y a plus d?indices visibles et audibles qui viennent nous rappeler qu?hier encore l?actualit? ?tait rythm?e par les annonces des massacres. Les quelques embuscades et assassinats rapport?s par la presse priv?e et ignor?s par les m?diats publics peuvent, peut-?tre, r?introduire le doute et alt?rer les incertitudes, mais l?impression existe selon laquelle la violence ne conna?tra plus une mont?e en puissance pour r?-atteindre les pics des ann?es 90. Tous les concepts utilis?s en liaison ? la trag?die sont de plus en plus abandonn?s. Serait-ce un d?but d?amn?sie que nombre d?observateurs consid?rent comme naturel dans un contexte o? les probl?mes de la quotidiennet? prennent le pas sur les difficult?s v?cues, ou alors le d?but de la d?cantation cons?cutive ? la d?marche de la r?conciliation nationale? On annonce bien parfois des d?tournements dans les banques avec des montants qui donnent le vertige, on annonce parfois des descentes des forces combin?es de la police et de la gendarmerie dans toutes les r?gions d?Alg?rie, sauf en Kabylie, on annonce ?galement de multiples ?meutes qui se terminent par des affrontements entre les forces de s?curit? et les jeunes ?meutiers. Il appara?t ainsi que ce seront les nouvelles pr?occupations qui vont rythmer notre futur avec de nouveaux concepts qui vont structurer notre pens?e. Nous sommes, peut-?tre, en train de sortir d?une ins?curit? pour entrer dans une autre, avec la seule diff?rence que les auteurs de cette derni?re ne cherchent pas ? se saisir du pouvoir, mais ? devenir des pouvoirs parall?les dans des zones de non-droit qu?ils s?efforcent de dessiner. Les autorit?s ont cru avoir trouv? la parade par l?augmentation des effectifs des forces de s?curit? alors que cette derni?re est un ?l?ment de la parade globale et ne saurait certainement constituer toute la parade. Nous sommes, peut-?tre, en train de sortir de ce qui a ?t? appel? une situation de violence dite terroriste pour entrer dans une ?re d?un nouveau type de violence que traduiront les ins?curit?s sociales, et cette situation est pr?vue comme durable du fait de l?impossibilit? pour les pouvoirs publics ? faire face ? la permanente ?r?volution des demandes sociales?. Tout comme il a ?t? consid?r? que les seuls moyens de force ne seront pas suffisants pour ramener ou imposer la paix dans le cas d?une situation de violence telle celle li?e ? la trag?die, il devrait ?tre admis que l?abaissement du niveau de la criminalit? telle que celle qui se manifeste actuellement ne pourrait pas ?tre le r?sultat de l?emploi exclusif des moyens de r?pression. Certes, l?emploi des moyens de force et des sanctions p?nales est in?vitable comme instrument de pr?vention et de dissuasion, mais cela ne suffit pas ? immuniser la soci?t? contre de telles d?rives.