?Allah est la Lumi?re des cieux et de la terre. Sa lumi?re est semblable ? une niche dans laquelle se trouve une lampe. La lampe est dans un verre. Le verre est comme un astre resplendissant. Elle tire sa flamme d?un arbre b?ni, un olivier qui n?est ni d?orient ni d?occident. Peu s?en faut que son huile n?illumine sans m?me que la touche le feu. Lumi?re sur lumi?re ! Allah guide vers Sa lumi?re qui Il veut. Allah fait des symboles pour les hommes et Allah conna?t toutes choses? (Cor. 24: 35). Dans ce pr?cieux verset, Il nous a enseign? que, sous le rapport de Son nom al-Nur (La lumi?re), Allah - ? savoir le Nom qui totalise tous les Noms - est la Lumi?re des cieux et de la terre, c?est-?-dire leur ?tre m?me, que c?est par Lui qu?ils subsistent et par Lui qu?ils sont manifest?s. En effet, c?est par la lumi?re qu?appara?t ce qui ?tait cel? dans les T?n?bres du n?ant. N?e?t ?t? Sa lumi?re, aucune chose ne serait per?ue et il n?y aurait aucune diff?rence entre une ombre et celui qui la projette. La lumi?re est la cause (sabab) de la manifestation des cr?atures- parmi lesquelles la terre et les cieux- ainsi qu?il en va dans le monde physique, o? l?obscurit? de la nuit rend les choses comme inexistantes par rapport aux observateurs jusqu?au moment o? l?apparition de la lumi?re entra?ne celle des choses et les distingue les unes des autres; et cela au point qu?un des philosophes a dit que les couleurs ?taient inexistantes dans l?obscurit? et que la clart? ?tait une condition sine qua non de leur existence. Si Dieu a privil?gi? les cieux et la terre d?une mention dans ce verset, c?est parce que les cieux sont le lieu symbolique des purs esprits (ruhaniyyat) et la terre celui des ?tres dot?s d?un corps. Les uns et les autres sont illumin?s par une unique Lumi?re, sans que pour autant elle se s?pare, se divise ou se partage. La Lumi?re absolue ne peut pas davantage ?tre per?ue que l?Obscurit? absolue. La lumi?re a donc brill? sur l?obscurit?, de telle sorte que cette derni?re soit per?ue par la lumi?re, et celle-ci par elle. Tel est le sens de cette parole des ma?tres: Dieu Se manifeste par les cr?atures, et les cr?atures se manifestent par Lui. Le Shaykh al-akbar a dit ? ce propos: ?N?e?t ?t? Lui, n?e?t ?t? nous Ce qui est ne serait pas.? Autrement dit: sans Dieu, la cr?ature ne serait pas existenci?e (khalqun bi-la haqqin la yujad) et sans la cr?ature, Dieu ne serait pas manifest? (haqqun bi-la khalqin layazhar). Sache cependant que Dieu, pour Se manifester par Son essence ? Son essence, n?a nul besoin des cr?atures puisque sous le rapport de l?Essence, il est absolument ind?pendant ? l??gard des mondes et m?me de Ses propres noms: car, de ce point de vue, ? qui se nommerait-il? ? qui pourrait-il ?tre d?crit? A ce degr?, il n?y a que l?Essence une et absolue! En revanche, lorsqu?il se manifeste avec Ses noms et Ses attributs- ce qui implique la manifestation de leurs effets- Il a besoin (huwa muftaqir) des cr?atures. Le Shaykh al-akbar a fait allusion ? cela dans ces vers: ?Chacun d?eux est dans le besoin. Aucun d?eux ne se passe de l?autre?, ?eux? d?signant ici Dieu et la cr?ature. Cette d?pendance des Noms divins ? l??gard des ?tres qui sont leurs lieux de manifestation n?est pas une imperfection. Elle constitue au contraire la perfection au niveau des Noms et des Attributs car le besoin qu?a la cause, en tant que telle de son effet en tant que tel repr?sente la perfection m?me. Cette relation est en effet n?cessaire pour que les Noms divins, qui ne se distinguent que par leurs effets, puissent se distinguer les uns des autres. Toutefois les Noms divins, par celle de leurs ?faces? qui est tourn?e vers l`Essence, sont eux aussi totalement autonomes ? l??gard des mondes: sous ce rapport, ils ne sont rien d?autre que l?Essence m?me, et c?est pourquoi chacun d?eux peut ?tre qualifi? et d?sign? par tous les autres Noms au m?me titre que l?Essence. Dans l?une de mes visions contemplatives, je vis ceci: un immense registre ouvert m??tait pr?sent?. Sur chaque ligne, un Nom divin ?tait ?crit, puis ?tait successivement qualifi? sur cette m?me ligne par tous les autres Noms. Sur la ligne suivante, un autre Nom ?tait ?crit et pareillement qualifi? par tous les autres et ainsi de suite jusqu?? ?puisement de la liste des quatre-vingt-dix-neuf Noms divins. Au contraire, si l?on consid?re la ?face? des Noms qui est tourn?e vers les mondes cr?es, ils sont, de ce point de vue, d?pendants de ces derniers dans la mesure o? ils cherchent ? produire leurs effets: celui qui cherche est d?pendant ? l??gard de ce qu?il cherche. Les cieux, la terre et toutes les cr?atures, dont la lumi?re est le Nom al-nur, sont les ombres des Noms et des Attributs projet?es sur les prototypes immuablement fixes dans la Science divine (al-a?yan al-thabita fi l-hadrat al-?ilmiyya). Toute ombre n?cessite en effet une surface. telle que la terre ou l?eau, sur laquelle elle puisse se projeter. C?est la lumi?re qui rend l?ombre visible, mais c?est l?objet vertical [?clair? par cette lumi?re] qui lui donne sa forme. Cet objet vertical correspond, en l?occurrence, au degr? des Noms et des Attributs, et la Lumi?re est l?Etre qui se r?pand sur les possibles. Puis Dieu a r?pondu [dans la suite du verset] ? la question: cette illumination de la terre, des cieux et de toutes les cr?atures se produit-elle directement ou par interm?diaire ? Doit-elle ?tre comprise comme une conjonction, une union ou un m?lange? L?Emir Abdelkader