Dans un d?bat ? la Brookings Institution sur le conflit isra?lo-palestinien, ? l?occasion de la sortie de son livre intitul? ?Vers une nouvelle strat?gie am?ricaine au Moyen-Orient?, Martin Indyk, ex-ambassadeur US en Isra?l, ?galement ancien conseiller de Bill Clinton, constate que la crise est mal venue pour le pr?sident ?lu, Barack Obama. Selon lui, alors qu?il surfait sur une popularit? mondiale, voil? que l?anti-am?ricanisme a toutes les chances de repartir. D?apr?s lui, Isra?l aura besoin d?un cessez-le-feu avant les ?lections l?gislatives du 10 f?vrier. ?Le ministre de la D?fense isra?lien Ehud Barak, ?galement candidat du parti des Travaillistes ? ces joutes, est obs?d? par le temps?, ? savoir le 20 janvier, date de l?investiture d?Obama, en tant que Pr?sident des Etats-Unis, et le 10 f?vrier, date des l?gislatives en Isra?l. L?ex-ambassadeur croit que la semaine qui vient va ?tre celle d?op?rations militaires intenses, et celle d?apr?s d?une diplomatie tout aussi intense. Apr?s quoi, il reviendra ? Barack Obama de tenter de consolider l??ventuel d?but de cessez-le-feu qui aura ?t? ?labor? au Conseil de s?curit?. Mais si les Isra?liens se retirent, poursuit Indyk, la question qui se pose, ?a sera au profit de qui? Laisser le Hamas se r?tablir? Ou profiter d?une pr?sence de la communaut? internationale pour ?r?introduire l?Autorit? palestinienne? ? Ghaza? Pour autant, Indyk ne pense pas que Ehoud Barak cherche le changement de r?gime ? Ghaza. Le dilemme d?Obama, dit-il, n?est pas de ?se distancer d?Isra?l? mais d?obtenir que les Palestiniens donnent leur accord ? un cessez-le-feu. Ce par quoi, ajoute-il, le Hamas va en profiter pour essayer de se faire reconna?tre comme interlocuteur par les Am?ricains alors qu?Obama a dit qu?il n?entendait pas n?gocier avec lui. Un autre intervenant, Shibley Telhami, de l?universit? du Maryland, ?galement r?dacteur du chapitre sur le conflit isra?lo-arabe, a estim? que Barack Obama a absolument raison de se taire. Il ne peut pas se permettre de se tromper. ?Il ne peut pas faire de longues d?clarations, n??tant pas encore pr?sident, donc mieux vaut s?abstenir?, dira-t-il. Pour lui, Hamas gagnera la bataille de l?opinion mais sera tr?s affaibli dans sa capacit? ? gouverner, ? faire r?gner l?ordre, ? contr?ler les factions, ce qui ?augmentera, selon lui, la pression pour le d?ploiement d?une force internationale?. En ce sens, il estime ?urgente? une action dans une situation o? ?la solution des deux Etats, isra?lien et palestinien, ne sera bient?t plus possible?. Motif: son ??chec g?n?rerait des complications s?rieuses? pour Washington dans toute la r?gion. Relan?ant le d?bat, Martin Indyk estime qu?apr?s 16 ans d??checs sur le front isra?lo-palestinien, les Etats-Unis ne peuvent plus se permettre de fixer ?des objectifs de changement dans la r?gion?. En r?duisant d?s maintenant ses pr?tentions pour le r?glement d?finitif de la question. Sauf que Obama peut, selon lui, ?gagner du temps? en fermant Guantanamo, en interdisant solennellement la torture et en annon?ant qu?il fait du conflit isra?lo-palestinien une priorit?. Cela peut lui donner une marge de man?uvre pour faire avancer ses objectifs, ? savoir la r?duction des troupes en Irak, l?ouverture en direction de l?Iran, une avanc?e sur le conflit isra?lo-palestinien, mais aussi un accord de paix isra?lo-syrien. De son c?t?, Robert Malley, conseiller sp?cial de Bill Clinton, voit dans l?attitude d?Obama comme un attentisme d?lib?r?, ou aussi un refus de se positionner sur la question des responsabilit?s des deux protagonistes. Etant donn? que, poursuit-il, apr?s sa prise de pouvoir le 20 janvier, Obama peut trouver le dossier isra?lo-palestinien dans une situation tr?s diff?rente. Ce qui suppose, selon lui, d?ici l?, trois sc?narios possibles: ?Un cessez-le-feu obtenu sous l??gide d?un m?diateur, une poursuite des bombardements isra?liens et des tirs de mortiers palestiniens sur Isra?l ou enfin une intervention militaire isra?lienne dans Ghaza pour y renverser le Hamas.? Or, l?attitude de l??quipe Obama face au Mouvement islamique palestinien ne lui semble pas fix?e. Elle maintiendra, selon lui, les ?trois conditions? du Quartet (Etats-Unis, Europe, Russie, ONU) pour l?int?grer dans une n?gociation: reconnaissance d?Isra?l, renoncement ? la violence et acceptation des accords pr?c?demment sign?s. Pour autant, le d?bat n?est pas tranch? quant ? l?ouverture de pourparlers (ils passent actuellement par l?interm?diaire du Caire), ni ? quel niveau. Dans l?entourage de M. Obama, estime M. Malley, beaucoup ?restent convaincus que parler au Hamas sans conditions affaiblirait encore plus Abou Mazen?, un pr?sident palestinien au pouvoir r?el limit?. En tout cas, ? ce jour, Barack Obama n?a toujours pas d?sign? son responsable du dossier proche-oriental. Le nom le plus cit? est celui de Dennis Ross qui occupa ce poste sous le pr?sident Bush p?re, puis sous Bill Clinton. Celui-ci souhaiterait voir ses pr?rogatives ?tendues jusqu?? inclure l?Iran. Les deux autres noms sont ceux de Richard Holbrooke, architecte de l?accord de paix en Bosnie-Herz?govine en 1995, et de Daniel Kurtzer, ex-ambassadeur am?ricain en Egypte et en Isra?l. Le premier, diplomate chevronn?, n?est pas un sp?cialiste du Proche-Orient. Son choix, comme celui de M. Ross, serait per?u, du c?t? arabe, comme favorable ? Isra?l.