Des dix-huit candidats d?clar?s pour l??lection pr?sidentielle d?avril 2009, Moussa Touati appara?t comme celui qui a tout ? gagner, quelle que soit l?issue de cette comp?tition qui se rapproche. Le pr?sident du FNA vient de d?clarer avoir r?uni le nombre de signatures le mettant en situation d??ligibilit? pour la candidature ? la pr?sidence de la R?publique. Et, en attendant l?avis du Conseil constitutionnel, il appara?t comme un candidat capable de tenir le d?fi de r?unir autour de lui une certaine partie de l??lectorat. La question, pour ce qui le concerne, est de savoir de quel volume sa part sera alors et, dans ce cas, s?il pourra donc se mettre en avant-plan pour les cinq prochaines ann?es. Certes, et la question ne fait pas beaucoup de doutes, il aurait tr?s peu de chance dans le cas o? Abdelaziz Bouteflika se repr?sente pour un troisi?me mandat (ce dont il n?y a aucune raison de douter). Les deux candidats n?ont pas le m?me charisme et, de surcro?t, ne b?n?ficient pas de soutiens de poids ?gal. Il n?y a qu?? aligner les trois grosses cylindr?es de l?Alliance pr?sidentielle, le FLN, le RND et le MSP, qui appuient la candidature de Bouteflika, ainsi que la noria de comit?s de soutien ? travers les quarante-huit wilayas pour se passer de la comparaison de cette armada de soutiens avec le FNA qui, m?me en phase ascendante, demeure de bien moindre envergure. Sans doute, le candidat du FNA, qui ne se serait impos? que difficilement dans son propre camp, a-t-il d?j? en ligne de compte autre chose qu?une tr?s hypoth?tique victoire face au pr?sident sortant. Avec le boulevard cr?? devant lui par l?absence de ceux que l?on continue encore de pr?senter comme ?les pr?sidentiables?, Moussa Touati r?colte d?j? les premiers dividendes pour renforcer sa position parmi la classe politique et gagner en visibilit? sur la sc?ne nationale et, pourquoi pas, au plan international ?galement. Cette perspective, au vu du parcours du FNA, n?est que du bon b?n?fice -il n?y en a jamais de mauvais en politique d?ailleurs. Ce sera, pour lui, autant d?espaces m?diatiques et de rencontres avec la population qui lui permettront d?employer la campagne ?lectorale ? venir ? autre chose de plus durable que sa participation ? l??lection pr?sidentielle. Le FNA ferait alors mieux conna?tre son programme, ses cadres, l??tendue r?elle de sa base sociale et chasser ainsi sur les terres des absents. Il pourra, surtout, peaufiner l?image de son leader qui, s?il est de plus en plus connu par les Alg?riens, n?en reste pas moins difficile ? situer politiquement. S?il se pr?sente comme un parti d?coulant des h?ritiers du mouvement national et se r?clame de la r?f?rence novembriste, il a du mal cependant ? figer ses distances par rapport aux deux autres formations du camp nationaliste, c?est-?-dire centriste, que sont le FLN et le RND. Cela, sans doute, parce que le FNA n?a pas totalement achev? sa transition programmatique d?organisation construite par une certaine partie de la ?famille r?volutionnaire? (Moussa Touati est fils de chahid). Mais il y a une autre raison au flou sur les contours de l?identit? politique du FNA. Ce parti, bien que si?geant ? l?Assembl?e nationale populaire et dans les assembl?es locales, ?vite d?intervenir syst?matiquement dans le d?bat politique sur les grandes questions de la vie nationale. On ne sait pas, par exemple, quelles sont ses vues ?conomiques exactes. On conna?t mal ses opinions sur les questions sociales et on ne l?a presque jamais entendu sur les sujets r?gionaux ou internationaux. Quant ? la politique nationale, ses positions sont le produit d?un langage constamment nuanc?, empli de sorties de secours am?nag?es pour les retournements de conjonctures. Le fait est qu?au niveau du FNA, il appara?t comme un s?rieux probl?me au niveau de la capacit? d??laboration ou de d?clinaison de celle-ci et un silence remarquable sur les objectifs strat?giques de ce parti. Cela est, chez lui, presque de nature structurelle. Dans la phase pr?sente, le vrai facteur qui emp?che qu?il soit clairement situ? par l?opinion, c?est qu?il n?est pas partie prenante du pouvoir (il n?est m?me pas invit? ? entrer dans le gouvernement), ni un parti d?opposition ainsi d?clar?. On ne sait comment il sera r?compens? pour sa tactique ? vouloir jouer sur cette contradiction, quand la campagne ?lectorale venue, Moussa Touati, en tant que candidat ? la pr?sidence de la R?publique, entrera dans le vif du sujet. Car ? un moment ou ? un autre, il devra bien dire ce qu?il pense de la situation de l?Alg?rie ? tous les niveaux, puisqu?il se pr?sente en tant qu?alternative.