Au vu de la qualit? et du parcours des six candidats, il est d?ores et d?j? permis d?entrevoir de quelle nature sera la campagne ?lectorale dans laquelle le candidat Abdelaziz Bouteflika a d?j? pris une avance certaine. Le candidat Bouteflika, pr?sident sor-tant, est donn? 100% vainqueur par tous les observateurs, sans exception, et qui voient d?j? sa campagne s?inscrire, comme le veut la logique, dans l?esprit de la continuit?. Pour ainsi dire, il s?agira pour lui de demander aux Alg?riens, comme il l?a d?j? fait ? partir d?Oran, de le soutenir pour ?poursuivre son travail au service du pays?. Le pr?sident sortant a d?fendu son bilan lors de son discours d?annonce de candidature, et les parties qui le soutiennent font de m?me, assurant ainsi que les chantiers lanc?s doivent se poursuivre. Cela, avec l?argument en prime que ce qui n?a pas abouti parmi les r?formes et les r?alisations envisag?es, aura plus de chance de se faire lors du troisi?me mandat du pr?sident Bouteflika. Ce n?est que par ce moyen, dit-on, que les changements auxquels la population aspire pourront enfin prendre leur relief le plus complet. Il en est de m?me au plan politique, avec l?intention de poursuivre la r?conciliation nationale, encore que l?on ne sache pas les v?ritables intentions du pr?sident, dans la mesure o? des dirigeants de l?Alliance pr?sidentielle se sont oppos?s dans leurs explications. Pour Ahmed Ouyahia, il n?y aura pas de disposition suppl?mentaire ? celles contenues dans la Charte pour la paix et la r?conciliation nationale. Selon Abou Djerra Soltani, au contraire, le troisi?me mandat verra une nouvelle phase de ce processus. En tout ?tat de cause, ce sera encore et toujours la continuit?, dans tous les domaines. Ceci ?tant pour le discours, la strat?gie ?lectorale du candidat Bouteflika, dont la coordination a ?t? confi?e ? Abdelmalek Sellal, ressemble fort ? un rouleau compresseur qui ne laisse pas grand espoir pour les autres candidats. Si l?on sait que le soutien de partis politiques, d?organisations de masse, du patronat et d?associations est de nature ? lui permettre, en dehors de son propre investissement personnel, de mener une campagne o? il sera une voix dominante, parfois la seule entendue. Abdelaziz Belkhadem, cit? hier par notre confr?re El Moudjahid, a r?v?l? dans ce cadre un impressionnant dispositif de campagne. Il est question de pas moins de ?8000 meetings, rassemblements et actions de proximit?? qui seront anim?s par le FLN, le RND, le MSP, sans compter les manifestations qu?animeront les pr?sidents des deux institutions parlementaires, le secr?taire g?n?ral de l?ONM et l?ensemble du mouvement associatif engag? dans la campagne. Rien que pour le FLN, Belkhadem a avanc? le chiffre de 400 meetings et rassemblements ? travers le pays. A chacun ses atouts Les autres comp?titeurs qui ambitionnent, malgr? leurs faibles chances, de succ?der au pr?sident sortant et d?atteindre la magistrature supr?me sont tous des candidats partisans, et donc politiquement identifiables, mais pas forc?ment bien connus de l?opinion. D?abord, et ce n?est pas nouveau, les moyens et les troupes des autres candidats ont l?air plut?t d?risoire compar?s ? ceux de Bouteflika et il faut parier que leurs strat?gies de campagne devront donc ?tre ax?es sur la qu?te de la distinction, dans l?espoir d?atteindre un score honorable, et surtout une seconde place. Une position qui n?est pas n?gligeable puisqu?elle ouvrira un boulevard au candidat ou ? la candidate qui la d?crochera, pour g?rer confortablement ses acquis durant les cinq ans ? venir. Parmi ceux qui sont plus ou moins en droit de pr?tendre ? une petite ?l?gitimit? historique?, il faut compter Louisa Hanoune et Fawzi Reba?ne, qui ont d?j? particip? ? l??lection de 2004, bien que leur participation est pass?e ? l?ombre du duel, qui n?a pas eu lieu d?ailleurs, entre Abdelaziz Bouteflika et Ali Benflis. La secr?taire g?n?rale du PT figure en bonne place pour arriver en seconde position. Car, malgr? le 1% obtenu en 2004, elle b?n?ficie du boulevard laiss? par la d?fection des ?pr?sidentiables?, et compte bien rentabiliser, cette fois, sa participation. On l?attend notamment sur le terrain du social (ch?mage, pouvoir d?achat, privatisations, harraga), dont elle alimente les ?l?ments de son discours, alors que son point faible est de ne jamais critiquer le pr?sident Bouteflika et ne se pose donc pas en alternative proprement dite. Quant au pr?sident de Ahd-54, il n?a pas su, au contraire du PT, transformer les acquis de sa participation en 2004 au b?n?fice d?un plus grand ancrage de son parti (0,63% des voix seulement). C?est ainsi que les ?lections l?gislatives et locales de 2007 n?ont pas ?t? porteuses d?une quelconque perc?e de cette formation. N?anmoins, Fawzi Reba?ne tentera de ?chasser sur les terres? de Bouteflika, en d?veloppant un discours nationaliste plus radical, ce qui est conforme avec la trame id?ologique de Ahd-54. On peut m?me dire qu?il se place en ?superposition? avec Moussa Touati, le pr?sident du FNA. Si personne n?arrive ? expliquer le succ?s de ce parti, qui n?est pas un opposant radical, sans ?tre non plus au pouvoir, le FNA demeure pour ainsi dire l?ind?sirable d?une Alliance pr?sidentielle o? il aurait pourtant eu toute sa place. Moussa Touati s?est, t?t, distingu? en soutenant la r?vision de la Constitution, m?me s?il s?est d?clar? pour le r?gime parlementaire. Il s?est oppos?, un moment, ? la suppression de la limitation des mandats, avant d?adoucir subitement son ton et de s?atteler ? un discours patriotique. Sans aucun doute, Moussa Touati et Fawzi Reba?ne apparaissent comme des candidats jumeaux qui, ? force de se marcher sur les pieds, risquent de favoriser un report des voix sur Abdelaziz Bouteflika, mieux plac? pour faire valoir certaines de leurs id?es nationalistes. Enfin, les deux candidats restants souffrent d??tre moins connus, m?me s?ils sont d?ores et d?j? tax?s d??tre des islamistes mod?r?s. Djahid Younsi n?est pas ? vrai dire le repr?sentant de tout l?islamisme, surtout pas des figures traditionnelles, d?sormais sans ancrage, comme Abassi Madani ou Abdallah Djaballah qui se sont exprim?s contre la tenue m?me de cette ?lection. Le candidat d?El Islah aura fort ? faire en essayant de joindre les deux bouts, et sa position le force ? inscrire son discours de campagne sur le terrain de la r?conciliation nationale. Enfin, Mohamed Sa?d, de son vrai nom Bela?d Mohand Oussa?d, est l?outsider de cette comp?tition ?lectorale. Il n?a pas de passif en termes d?actes politiques lourds dont les Alg?riens se souviennent, mais cela lui offre l?avantage de n?avoir aucune ?casserole?. Il est, en r?alit?, le mieux plac? pour parler de changement, pour la simple raison qu?il est, comme on dit, une nouvelle t?te dans le paysage politique. C?est dire que face ? Abdelaziz Bouteflika, les autres candidats n?ont d?autre but possible que de se battre pour la deuxi?me place et, au lieu de meetings populaires difficile ? encha?ner, ils concentreront leur campagne sur l?utilisation, la meilleure possible, des m?dias publics, ? travers leur temps d?antenne ? la t?l?vision et ? la radio.