Contrairement aux banques, le Fonds national d?investissement ne pr?te pas d?argent sans prendre des participations dans les entreprises ou dans les projets qu?il finance. Et d?j?, le patronat demande que des crit?res stricts soient mis en place pour optimiser l?usage de l?enveloppe initiale de 150 milliards de dollars. Dans sa premi?re r?action ? l?an-nonce de cr?ation du Fonds national d?investissement, R?da Hamiani a souhait? que les pouvoirs publics suivent des crit?res pr?cis pour l?allocation des ressources contenues dans le Fonds national d?investissement (FNI). Selon le pr?sident du Forum des chefs d?entreprises, il serait judicieux que cela tienne compte de la nature du projet et du profil des entrepreneurs qui s?adressent ? ce fonds. On peut pr?juger, d?ores et d?j?, qu?un d?bat anime pr?sentement les milieux d?affaires nationaux et ?trangers, puisque le FNI est ?galement ouvert aux entreprises ?trang?res qui souhaitent int?grer les objectifs du d?veloppement national. Un d?bat o? l?exigence de clart? et d?efficacit? fait d?j? consensus. En effet, les instances charg?es de statuer sur les demandes qui leur seront adress?es, et qui risquent d??tre nombreuses, devront ?laborer des priorit?s, par secteur, par type d?entreprises et par potentialit?s. Les 150 milliards de dinars, soit pr?s de 2 milliards de dollars, appel?s ? conna?tre une hausse dans l?avenir, pourraient ?tre investis dans une longue s?rie de projets, un grand projet ?tant g?n?ralement estim?, par les ?conomistes, ? partir d?un volume de 10 millions de dollars. Ainsi, les PME et m?me beaucoup d?entreprises de taille moyenne sont exclues du b?n?fice du FNI et le gouvernement pr?voit pour elles d?autres m?canismes ? l??chelle locale. Ce seront donc les grands groupes, les firmes ?trang?res ou alors les consortiums, nationaux ou mixtes, et les entit?s capables de monter des partenariats solides qui sont les mieux plac?s. Est-ce alors une reconduction d?une situation que d?non?ait r?cemment le gouverneur de la Banque d?Alg?rie, Mohamed Leksaci, et selon qui une bonne partie des cr?dits bancaires est concentr?e entre quelques groupes priv?s? On ne saurait y r?pondre puisque dans ses deux rapports successifs (2007 et 2008), la Banque d?Alg?rie ne s?est paradoxalement jamais ?tal?e sur la question. Ce qui est certain, en revanche, c?est qu?en dehors de la taille de l?entreprise ?ligible ? b?n?ficier du soutien du FNI, il y a ?galement celui du secteur d?activit?. Et, ?tant donn? qu?il s?agit d?investir des deniers publics, il va de soi, au vu de la politique ?conomique men?e jusque-l?, que ce sont les grands chantiers des infrastructures, comme les routes, les ouvrages d?art, barrages ou -pourquoi pas- les installations ?nerg?tiques, sans compter les grands projets agricoles et les complexes industriels qui seront les premiers cibl?s. Tout m?ne ? dire aussi que le secteur tertiaire, les services, risque d?en ?tre exclu, le commerce et les transports par exemple, ? l?exception du tourisme ou des t?l?communications, et ce, notamment dans le Sud du pays. Il est vrai, aussi, que la cr?ation du Fonds national d?investissement intervient au lendemain d?un d?bat sur le besoin ou non de l?Alg?rie de cr?er un fonds souverain. Un d?bat tranch? en dernier ressort par le chef de l?Etat qui a tr?s t?t utilis? l?argent du p?trole pour financer le d?veloppement en Alg?rie. Par d?finition, un fonds d?investissement, contrairement aux banques, ne pr?te pas d?argent, mais prend des participations dans des entreprises, ? cr?er ou en d?veloppement, ou dans des projets, et se renfloue par le partage des b?n?fices ? la fin de l?ex?cution de ce dernier. Pour ainsi dire, si les banques de l?Etat ont failli jusque-l? dans le financement de l??conomie, c?est d?abord parce qu?il n??tait pas dans leur vocation de le faire, d?autant qu?il s?agit de banques commerciales, alors que l?investissement requiert une toute autre architecture financi?re. En pratique, le FNI si?gera dans les Conseils d?administration ou les Assembl?es g?n?rales des entreprises dont il entrera en possession d?une partie du capital, afin de mieux contr?ler la d?cision sur les fonds qu?il y injecte. Telle est la premi?re balise de l?utilisation des deniers publics, alors que, pendant longtemps, les banques ont perdu temps et argent en proc?s, contentieux et autres proc?dures pour recouvrer des cr?dits malsains contract?s par des entrepreneurs qui ne savaient que g?n?rer du d?ficit. Cela n?emp?che pas que se pose encore la question des crit?res d?acc?s ? l?aide du FNI. Une entreprise devra-t-elle r?pondre aux crit?res de la COSOB (commission de surveillance des op?rations boursi?res) puisqu?il s?agit de faire une entr?e particuli?re dans le march? financier? Sera-t-elle, plut?t, soumise aux crit?res du dispositif de promotion de l?investissement tel qu?on l?a vu jusque-l?? Dans le premier cas, une entreprise doit r?unir plus ou moins les m?mes crit?res que ceux exig?s pour une entr?e en bourse ou le lancement d?un emprunt obligataire, dont une comptabilit? saine ou des r?sultats positifs sur les trois derniers exercices. Dans ce cas, la priorit? sera donn?e non pas ? l?importance du projet, mais ? la solidit? financi?re de l?entreprise ? laquelle le FNI apporte sa contribution. Dans le deuxi?me cas, d?poser une demande aupr?s du FNI revient, alors, ? pr?senter le m?me dossier que celui fourni ? l?ANDI ou, plus exactement au Conseil national de l?investissement (CDI), puisqu?il s?agit des grands projets. Faudra-t-il alors avoir l?accord pr?alable du CNI, lequel est pr?sid? par le Premier ministre? C?est le genre de questions qui circulent parmi les patrons, alg?riens et ?trangers, dans la mesure o? la cr?ation du FNI intervient sans que l?ordonnance d?ao?t 2001, qui encadre la promotion de l?investissement en Alg?rie, n??voque le FNI, ni n?explique la relation d?un quelconque instrument de ce genre avec le CNI ou l?ANDI. Or, l?exp?rience de l?APSI, telle qu?en a h?rit? l?ANDI, a r?v?l? un nombre important de projets agr??s mais non lanc?s ou lanc?s et non achev?s ou, enfin, entr?s en exploitation mais sans jamais avoir rembours? la moindre ?ch?ance de leurs cr?dits bancaires. Et cela, malgr? toute la g?n?rosit? de l?Etat qui a tent? de provoquer un rush des investissements dans tous les secteurs ? coups de mesures incitatives et d?exon?rations fiscales in?dites. Faudra-t-il, pour ?viter les erreurs du pass?, que le Fonds soit directement g?r? par le Premier ministre? La semaine ?coul?e, lors de l?installation du conseil de direction et du comit? strat?gique du FNI, le ministre des Finances, Karim Djoudi, a r?v?l? que le FNI d?coule de la restructuration de la Banque alg?rienne de d?veloppement. Cette banque particuli?re, qui servait jusque-l? d?interface entre le gouvernement et les institutions multilat?rales (Banque mondiale, Banque europ?enne d?investissement, Banque africaine de d?veloppement, etc.) ?tait mise sous la tutelle du gouvernement, par l?entremise du minist?re des Finances. C?est dire, l? aussi, et jusqu?? plus ample inform?, que le FNI pourrait conna?tre un fonctionnement par l?injonction et non pas sous la dict?e des int?r?ts commerciaux. Ce ne serait pas contrevenir ? sa vocation d?instrument au service du d?veloppement national.