La journ?e d?avant-hier, le candidat Bouteflika l?a voulue tranquille et sereine. Pas de d?claration ni d?apparition en public. En perspective du show de la Coupole, il a pr?f?r?, contrairement aux autres candidats, m?nager ses forces pour le sprint final. C?est donc tout naturellement son chef de campagne, Abdelmalek Sellal, qui est all? au charbon. Sellal a ainsi tent? de r?pondre aux nombreuses questions insidieuses concernant l?incroyable cagnotte mise en jeu pour cette campagne. Des portraits g?ants affich?s sur les fa?ades des immeubles et entreprises publiques ou priv?es, le tout au vu et au su de tout le monde et m?me du CPNSEP, des affiches et affichettes d?clin?es sur toutes les coutures et couleurs, des moyens de publicit? ?normes et enfin des permanences qui ouvrent chaque jour. A toutes ces interrogations, Sellal r?pond: ?Tout ce que je peux vous dire, c?est qu?on a eu la dotation comme tous les partis. Il y a beaucoup de gens qui nous ont aid?s ? confectionner les affiches et les documents, et beaucoup l?ont fait sur leurs propres comptes. Un grand nombre d?affiches ont ?t? confectionn?es par les associations de soutien et les organisations syndicales, comme l?UGTA, ainsi que le patronat. Toutes les grandes affiches que vous voyez ? Alger, ce n?est pas nous qui les avons r?alis?es. Pour ce qui nous concerne, nous nous sommes fix? un objectif de 7 millions d?affiches et nous en avons atteint 5 millions?. Sautant sur l?occasion, Fawzi Reba?ne, le candidat de Ahd-54, accuse Bouteflika d?avoir b?n?fici? ?d?argent suspect? pour financer sa campagne ?lectorale. Reba?ne, qui animait une conf?rence au Centre international de la presse, a d?nonc? dans la foul?e ce qu?il qualifie ?d?accaparement des moyens de l?Etat et des m?dias publics au seul profit du candidat, bien avant le d?but de la campagne ?lectorale?. Le candidat Reba?ne a ?galement critiqu? le pr?sident de la commission de pr?paration des ?lections pr?sidentielles, le Premier ministre Ahmed Ouyahia auquel il d?nie le droit de pr?parer le rendez-vous ?lectoral, ?pour la simple raison, a-t-il d?clar?, qu?il a particip? ? l?une des plus grandes fraudes qu?a v?cue notre pays?. Ali Fawzi Reba?ne a r?v?l?, en outre, qu?il n?avait ?aucune information sur les bureaux sp?ciaux et si les candidats en lice pourraient d?p?cher des observateurs en ces lieux?, et que, malgr? toutes les correspondances adress?es ? la CPNSEP pour avoir des ?claircissements sur ce point, la commission observe un ?silence ?loquent?. ?Je ne suis pas un li?vre, je suis un lion?, ne cesse de r?p?ter l?autre candidat, Moussa Touati, qui, paradoxalement, reste toujours victime de sa na?vet? politique. Ainsi, il ne se passe pas un jour sans qu?il brocarde les gouvernements successifs, le candidat Bouteflika et tout le reste, sans pouvoir pour autant enlever cette ?tiquette qui lui colle ? la peau: ?Tous nos responsables depuis l?ind?pendance ont vol?. Montrez-moi un seul ministre qui ne poss?de pas de r?sidence ? l??tranger. Ils ont d?pouill? le peuple de tous ses biens. On brade nos richesses au profit des ?trangers dans le seul but de cautionner le pouvoir en place?, a-t-il lanc? ? Beja?a. Pour Touati, Bouteflika est tout simplement le ?candidat du pouvoir et de l?argent?. Et il argumente: ?Personne n?a le droit d?offrir l?argent du contribuable ? de gros bonnets de l?import-import. Tout le monde sait que le petit fellah, qui travaille r?ellement, n?a pas contract? de grosses dettes. Le cas ?ch?ant, nous devons absolument proc?der au cas par cas pour exclure les sp?culateurs et les parasites qui ont largement tir? avantage de cette mesure (effacement des dettes, ndlr)?. La candidate du PT, Louisa Hanoune, tente, quant ? elle, d?apporter de l?eau au moulin de Moussa Touati. Avec une argumentation structur?e, conjugu?e ? l?art de parler, elle arrive au m?me constat que Touati, mais sans provoquer quiconque. Ainsi, selon Hanoune, ?les r?ajustements politiques, sociaux et ?conomiques restent imparfaits et incorrects?. Elle perd toutefois son sang-froid et brocarde le pouvoir en place: ?Qu?on en finisse avec cette langue de bois, teint?e de populisme et de promesses utopiques ! (...) Le temps est venu de mettre sur pied une dynamique de dislocation de ce syst?me qui a bafou? la pr?pond?rance nationale et mis en d?tresse les int?r?ts de la nation?. A la fin, exasp?r?e et col?reuse, elle se laisse aller ? des remontrances: ?On trouve, chaque fois, le culot de nous bourrer avec des chiffres inimaginables pour nous faire croire que le taux de ch?mage est r?duit alors qu?on ne se g?ne aucunement pour consid?rer les divers dispositifs li?s ? l?emploi des jeunes comme une activit? permanente. Si tel ?tait le cas, quel est le mobile qui pousserait notre jeunesse ? investir corps et ?me les chemins sinueux de la d?linquance? Pourquoi assiste-t-on ? ces interminables suicides et ? une macabre ?migration clandestine?? Djahid Younsi, le candidat du mouvement El Islah, en remet lui aussi une couche: ?Le peuple leur a donn? toutes les possibilit?s pour r?aliser et ouvrir les portes de l?espoir, mais ils n?ont m?me pas pu r?aliser le minimum de ses revendications. Les slogans relatifs ? la fiert? et ? la dignit? sont creux?, fera-t-il remarquer ? propos du Pr?sident sortant et de son ?quipe. ?Comment, celui qui n?a pas pu r?gler le probl?me de l?eau potable aux habitants du seul centre de la capitale ose-t-il demander au peuple de le cautionner pour des projets plus vastes??, s?interroge-t-il ensuite. L?oppression des r?ves, l?asservissement par les promesses mensong?res et le recul de la libert? d?expression ?n?cessitent un sursaut culturel et ?lectoral pour changer l?ensemble du syst?me?, constate-t-il ? partir de la ville aux mille coupoles. Mohamed Sa?d, pour qui cette premi?re participation ? un ?v?nement aussi important que l??lection pr?sidentielle est un ?v?nement en soi, pr?pare d?ores et d?j? ses militants ? recevoir, jeudi prochain, une petite douche froide: ?Le r?sultat de ce scrutin ne m?int?resse pas autant que de faire parvenir mon message ? mes concitoyens?.