Les postulants ? la magistrature supr?me ont boucl?, aujourd?hui, le tiers du parcours d?une campagne qui ne s?est pas av?r?e tr?s sophistiqu?e. Le principal a ?t? fait durant cette semaine, parce que les ?lecteurs ont eu tout le loisir de ?palper? l??toffe dans laquelle est taill? chacun des six candidats qui les invitent ? aller, massivement, d?poser un bulletin dans l?urne. L??lecteur n?est pas somm? de choisir parmi un des candidats, mais d?aller voter. La diff?rence est de taille. L?un d?entre eux n?a-t-il pas demand? aux citoyens, juste, d?aller faire leur devoir civique, quitte ? voter contre lui ou glisser un bulletin nul? Une mani?re subtile de glaner des voix, il est vrai. Il n?existe pas, en Alg?rie, des instituts de sondage pour dire quelles sont les tendances du moment, ni quel candidat caracole en t?te dans les intentions de vote. Des instruments capables de renseigner l??lecteur sur les capacit?s et les performances des uns et des autres, ce qui permettra aux retardataires de rectifier le tir avant qu?il ne soit trop tard, encore moins. On navigue ? vue. Le seul barom?tre est la position pr?sum?e de favori du pr?sident candidat et les accusations que ne manqueront pas de rejeter, sur le pouvoir, les autres candidats en mati?re de communication et de capacit? de mobilisation. Une excuse d?j? emball?e et pr?te ? ?tre servie aux Alg?riens, le 9 avril au soir. Comme si chacun des cinq autres candidats ?tait assur? de la victoire si le sixi?me ne s??tait pas repr?sent?. C?est ? ces d?tails que les ?lecteurs jugeront ceux qui ont, jusqu?? pr?sent, observ? une certaine retenue dans leurs meetings, ?vitant le remake de la ?sale campagne? de 2004 qui avait fait basculer une opinion, pourtant avertie, que la faiseuse de rois avait fait son choix. Cette premi?re semaine a ?t? capitale pour le reste de la campagne, car 70 ou 80% de ceux qui ont, quand m?me, d?cid? d??couter ce qu?avaient ? dire les candidats -ou leurs repr?sentants- changeront, ? l?avenir, de cha?ne ou ?teindront leurs postes. Tout se d?cide durant les premiers jours. Un peu comme dans une finale de 100 m?tres o? celui qui assure un bon d?part a toutes les chances de franchir, le premier, la ligne d?arriv?e. Que pourront apporter de nouveau, durant ces deux semaines, des candidats qui ont pratiquement tout dit? Les programmes propos?s aux ?lecteurs r?servent-ils des surprises de derni?re minute pour renverser la vapeur et coiffer au poteau le concurrent qui devance les autres? Peu probable. Les ?lecteurs ont eu le temps de se faire une id?e de ce que propose chacun. Et de ce que pourra faire chacun, une fois ?lu. Ce qui compte pour eux, ce n?est pas les id?es nouvelles, les promesses, la volont? de rompre avec les pratiques pass?es ou de restaurer la souverainet? et autres valeurs auxquels sont sensibles les Alg?riens, mais la capacit? de chacun ? rassurer et convaincre qu?un brouillard bien ?pais ne remplacera jamais une pluie, m?me fine. La bataille, pour certains, est d?j? gagn?e et les Alg?riens savent s?ils iront, ou non, voter. Une majorit? d??lecteurs a confirm? ses choix. Le candidat qu?elle pressentait, ou rester ? la maison. A la qualit? des d?bats auxquels ils ont eu droit, les candidats avaient raison de craindre une forte abstention. Ils en sont les seuls responsables.