Celui qui les poss?de est comme s?il poss?dait toutes choses. Celui qui a un cheval, par exemple, n?a que ce cheval. S?il a besoin de nourriture, l?homme qui dispose de cette nourriture peut ne pas avoir envie d?un cheval mais plut?t d?un v?tement. Le propri?taire du cheval devra donc recourir n?cessairement ? ce qui, de par sa forme, a l?air de n??tre rien mais qui, par la signification qui lui est attach?e, est comme s?il repr?sentait toutes choses. Un objet ne peut servir d??talon que s?il n?offre de lui-m?me aucune image particuli?re, comme le miroir, qui n?a pas de couleur propre mais qui saisit toute couleur. Ainsi en va-t-il pour l?or et pour l?argent qui n?ont pas d?utilit? par eux-m?mes mais qui sont de purs moyens - moyens d?acqu?rir tout ce qui est utile. Tout homme qui en use avec eux de fa?on non conforme au dessein Divin en ce qui les concerne sera donc puni par le feu - si le pardon ne lui a pas ?t? accord?. En les th?saurisant sans en distraire une part sp?cialement destin?e aux pauvres, il fait ?chouer de dessein de Dieu ; il se conduit comme celui qui mettrait en prison le juge charg? d?arbitrer les conflits entre les hommes en trouvant une solution ? leurs diff?rends, l?emp?chant purement et simplement, par d?cision autoritaire, de juger. Dieu n?a pas cr?? l?argent pour Zayd ou pour ?Amr en particulier, mais pour que ces m?taux passent de main en main afin de tenir leur r?le d?arbitre entre les gens. On ne peut douter que l?esprit, s?il r?fl?chit ? ce que nous venons de dire, ne d?cide d?s lors que la th?saurisation, qui s?oppose ? la libre circulation de l?or et l?argent parmi les hommes, est une injustice, et ne trouve bon le ch?timent qui frappe celui qui s?en rend coupable. Car Dieu n?a cr?? aucun homme pour qu?il vive dans le d?nuement. Il a fait en sorte que la subsistance des pauvres soit assur?e par les riches. Et ceux-ci se montrent injustes envers les pauvres lorsqu?ils les emp?chent de jouir du droit que Dieu leur a accord?. Nous disons de m?me : celui qui se sert de l?or et de l?argent pour fabriquer des r?cipients destin?s ? la nourriture et ? la boisson est injuste. Et sa conduite est pire que celle de l?homme qui th?saurise, car il se conduit comme celui qui transformerait un juge en poseur de ventouses, en passementier ou en boucher, lui confiant un travail ordinairement r?serv? aux gens les plus humbles. Le cuivre, l??tain, l?argile remplacent en effet ?conomiquement l?or et l?argent pour conserver aliments et boissons. Les r?cipients n?ont jamais pour utilit? que de contenir ce qui sans eux risquerait de se r?pandre, et certes l?argile, le fer, l??tain, le cuivre suffisent ? cet office sans qu?on ait ? y employer l?or ou l?argent : aussi ne peut-on douter que l?esprit, quand il sait cela, ne puisse s?emp?cher d?approuver et de trouver bon le ch?timent qui frappe l?homme qui se conduit ainsi. De m?me nous dirons : celui qui vend de l?or pour en recevoir comme prix de l?or en quantit? plus grande, celui qui vend de l?argent pour en recevoir plus d?argent encore, consid?rent leur acquisition comme une fin en soi, enfreignant en cela le sage dessein de Dieu. Car l?homme qui poss?de un v?tement sans avoir ni or ni argent et qui doit se procurer de la nourriture ne pourra acheter celle-ci avec son v?tement. Il est excus? s?il vent ce v?tement contre de l?or ou l?argent, qui lui permettront d?arriver ? ses fins, car ce sont l? deux moyens qui permettent d?acqu?rir n?importe quoi, puisqu?ils n?ont pas par eux-m?mes d?utilit? propre. L?Emir Abdelkader / A suivre...