Les contextes ont beaucoup chang? en peu de temps, d?truisant le socle sur lequel ?taient fond?es les anciennes certitudes. Il est ?vident qu?il y a des discours qui ne peuvent pas passer maintenant, plus particuli?rement depuis les implications sur notre pays de la r?cession ?conomique des pays d?velopp?s soumis au s?isme de la crise financi?re internationale. Il n?existe plus aucun ?l?ment pouvant valider la th?se de la venue des investisseurs ?trangers, massivement comme cela avait ?t? compris au moment des r?formes. L?Alg?rie n?est pas encore parvenue ? disposer d?une vraie ?conomie de march?, celle qui est capable de financer le d?veloppement. Peut-?tre m?me que nous n?y parviendrons pas de sit?t, quand on observe les l?gitimes revendications formul?es par le secteur priv? national pour ce qui concerne sa protection contre une concurrentielle du priv? ?tranger. Alors, compte tenu qu?il est pratiquement une certitude que pour le moyen terme, il ne sera plus question d?int?grer dans une large majorit? les investisseurs ?trangers et que c?est d?abord l?Etat qui va piloter et financer, selon des ressources dites al?atoires, dans une bonne p?riode, la restructuration de l?industrie, allons-nous reprendre les revendications adress?es ? l?Etat par les syndicats de ne plus ob?ir aux institutions financi?res internationales, de ne plus abaisser le niveau de la protection sociale? L?argumentation sera bien simple. Les sacrifices ?taient consentis, car au bout il devait y avoir la venue massive des investisseurs ?trangers qui allaient amortir le choc des licenciements massifs et m?me les compenser. C??tait, en tout cas, l?argumentation fournie invariablement par les pouvoirs publics pour faire accepter l??conomie de march? aux travailleurs. La preuve en est que les populations ont bien compris qu?il leur faut demander plus d?Etat, que l?Etat devrait ?tre leur seul employeur, comme cela l??tait avant, et ce, sur tous les plans de l??conomie, de l?emploi, du social, des questions de s?curit?, bien s?r. Cette revendication traduit, pour l?opinion publique, la conviction qu?il n?est pas question que vienne le moment pour l?Etat de se d?sengager des missions de gestion directe, encore moins de se recentrer sur des missions exclusivement de r?gulation et qu?il se d?leste de tout ce qui peut ?tre effectu? par le secteur priv?, notamment pour ce qui concerne les services publics, les prestations sociales, l?enseignement de qualit?, la gestion tout court. Le r?le de garant ne fait pas partie de nos traditions ?conomiques et sociales. L?Etat, pour une grande partie des populations, doit ?tre g?rant et n?a pas ? faire des b?n?fices sur le ?dos? des citoyens, alors qu?on a vu qu?avec la perception qui a cours au niveau des op?rateurs sur le r?le de l?Etat, il s?en est suivie une d?rive des prix dans les produits alimentaires. Les populations, elles-m?mes, per?oivent que, pour longtemps encore, elles auront besoin que l?Etat s?implique dans la prise en charge de leurs pr?occupations quotidiennes. Elles ne voient pas du tout l?utilit? de privatiser les services ou ? tout le moins la protection sociale. Les pays occidentaux consid?rent que l?Etat doit se recentrer sur les missions essentielles. Pourquoi faudrait-il que, d?une part, nos perceptions et les leurs devraient co?ncider, et, d?autre part, que nous soyons contraints d?adopter imm?diatement les r?formes institutionnelles qu?ils ont mises en ?uvre chez eux au stade actuel de leur d?veloppement et du fonctionnement de leurs institutions d?mocratiques.