Les pays exportateurs de p?trole sa-vaient que remonter la pente ne se- rait pas chose ais?e. La chute brutale du baril, de 147 ? 40 dollars en quelques semaines, ?tait un signal suffisamment r?v?lateur des difficult?s qui attendaient les ?conomies mono-exportatrices, d?autant plus qu?une crise financi?re aigu? pointait ? l?horizon. Anticipant sur les effets de ce s?isme qui allait ?branler les certitudes ?conomiques lib?rales qui ont fait ?cole et contribu? ? briser une id?ologie communiste, et le mod?le socialiste; les pays de l?OPEP ont, coup sur coup, d?cid? une r?duction drastique de leur production. La rencontre d?Oran, exceptionnelle, puisque r?unissant des poids lourds non OPEP, comme la Russie, ?tait cens?e jouer le r?le de ?coupe-feu? afin de freiner la chute et fouetter un march? qui n?arrivait pas ? r?agir ? des d?clarations aussi s?rieuses -comme la perspective de r?duire la production du cartel de 1,3 million de barils quotidiennement- alors que de petites agitations au Nigeria ou des bruits de bottes au Moyen-Orient avaient pour habitude de faire gagner plusieurs dollars en une seule s?ance sur les march?s new-yorkais ou londonien. Quand le baril suivait une phase ascendante, et que les experts pr?voyaient un pic ? 200 dollars, plusieurs explications avaient ?t? avanc?es. L?app?tit vorace d??conomies qui explosaient, litt?ralement, et qu?un baril volant n?effrayait pas; que la comp?tition politique entre nations laissaient sans effet les traditionnelles pressions am?ricaines sur les gros producteurs et que la multiplication de pays ?mergents ?tait de nature ? doper un march? qui n??tait pas regardant ? la d?pense. Ces m?mes raisons, conjugu?es ? la baisse de la production et l?engagement de pays non OPEP ? ?donner un coup de main? ? leurs coll?gues OPEP, ne donnent plus les m?mes r?sultats. Paradoxe. Un responsable de l?OPEP, tr?s ?cout? du reste, ?accusait? la Russie de ne pas jouer le jeu. Le fait est qu?il y a r?cession ?conomique et que beaucoup de pays ont revu ? la baisse leurs pr?visions de croissance, c?est-?-dire un ralentissement des usines et, donc, un besoin moins accru en ?nergie. Depuis plus d?un semestre, le baril peine ? se stabiliser au tiers de son prix d?avant. Il est vrai que les 147 dollars ?taient un niveau record et que le prix moyen d??quilibre devait tourner autour des 100 dollars. Cette r?f?rence n?est plus envisageable sous peine de contraindre les gros consommateurs ? d?velopper de nouvelles sources d??nergie, comme au temps du choc p?trolier. Le fait est que beaucoup de pays producteurs ne peuvent s?emp?cher de d?passer les quotas fix?s parce qu?un dollar par baril repr?sente des millions par jour. Ce qui ne favorise pas la reprise des cours. Le SG de l?OPEP a beau appeler ? un prix ?juste? qui pr?serve les int?r?ts des uns et des autres, son appel ne sera pas entendu comme ne l?avait pas ?t? celui des consommateurs, quand le baril d?passait les 120 dollars. L?on se souvient, m?me, qu?une conf?rence avait ?t? organis?e ? Riyad, un acte contre nature, pour freiner l?ascension. Un baril ? 70 dollars, comme demand?, est-il une r?alit? viable si une r?duction s?rieuse est envisag?e -et appliqu?e- ou un v?u pieu? La discipline de groupe nous le dira.