Apr?s que la France ait bloqu?, au Conseil de s?curit? de l?ONU, une proposition du Front Polisario et affich? son soutien au Maroc, que Mourad Medelci ait dit ce qu?Alger pense de l?Union pour la M?diterran?e (UPM), c??tait, hier, au tour de Mohamed Cherif Abb?s, ministre des Moudjahidine, de rappeler que la question de la repentance restait toujours de mise. Voil?, donc, pour la tem-p?rature g?n?rale des relations bilat?rales sur trois dossiers strat?giques entre l?Alg?rie et la France et qui marqueront, sans aucun doute, le climat g?n?ral dans lequel se d?roulera la visite de Abdelaziz Bouteflika ? Paris, en juin prochain. Certes, l?ambassadeur de France est intervenu, la semaine ?coul?e, dans l?espoir d?apaiser la tension qui existe depuis plusieurs ann?es sur certains dossiers, en rappelant que la coop?ration ?conomique ?tait des meilleures avec un flux d?investissements fran?ais qui est pass? du simple au quadruple. Mais c??tait compter sans la mont?e au cr?neau du ministre des Moudjahidine, Mohamed Cherif Abb?s, qui a d?clar?, ce samedi, que l?Alg?rie attend toujours la repentance de la France pour ses crimes commis 132 ans durant. Des propos tenus en marge du troisi?me congr?s national de l?association des anciens condamn?s ? mort, et qui rappellent les paroles d?j? prononc?es par le ministre des Moudjahidine, en 2007, contre le pr?sident Sarkozy, fra?chement ?lu. Cela ?tant, la question de la repentance reste au c?ur des relations franco-alg?riennes et des rapports complexes qu?entretiennent les deux pays. Jusqu?ici, Nicolas Sarkozy ne veut absolument pas donner un quelconque signe de fl?chissement, pr?f?rant ?luder la question, comme a tent? de le faire son pr?d?cesseur avec le projet mort-n? du trait? d?amiti?. L?Elys?e estime encore que ?les questions de m?moire ne doivent pas ?tre un pr?alable au rapprochement entre l?Alg?rie et la France?. Sans ?tre en soi une concession ni un geste suffisant, le pr?sident fran?ais s??tait prononc?, cela dit, pour une reconnaissance des faits, mais pas pour le repentir, en juillet 2007, ? l?occasion de son d?placement de ce c?t?-ci de la M?diterran?e. Mais l?Etat alg?rien n?entend pas tourner la page, comme par une subite amn?sie collective. Certes, Alger recherche des relations bilat?rales b?ties sur de nouvelles fondations. En 2003, Bouteflika et Chirac ont bel et bien sign? la D?claration d?Alger, pour encadrer ce qui est d?j? un partenariat d?exception. Mais la r?conciliation reste encore loin. Et on aura toute la latitude de le confirmer ? l?occasion de la visite de Bouteflika en France, o? il ne faut pas exclure que s??veillent les voix des nostalgiques de l??re coloniale, ne serait-ce que par m?dias interpos?s. L?autre ?nuage? sur les relations alg?ro-fran?aises (le mot est faible), c?est, bien entendu, le parti pris de Paris pour le Maroc sur le dossier du Sahara occidental. En bloquant une proposition du Front Polisario, alors que l?ONU encourage un nouveau round de n?gociations entre les deux parties, la France a pris un risque dans ses relations avec l?Alg?rie. Alger, avec un langage diplomatique, s?est dit accueillir ?avec un grand int?r?t? la r?solution de l?ONU sur le Sahara occidental pour cr?er les conditions les plus favorables ? la relance des n?gociations directes entre les deux parties en conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario. Mais, pour le Maroc, ce fut presque accueilli comme une victoire, puisque Rabat, qui a l?habitude de danser plus vite que la musique, y voit d?j? ?la reconnaissance de ses efforts?, entendre une acceptation de la solution dite de ?l?autonomie?, alors que ce pays bloque le fameux r?f?rendum depuis le jour o? il a ?t? propos? par James Baker. Last but not least. Paris qui propose une zone de paix et de prosp?rit? partag?e avec le chantier de l?Union pour la M?diterran?e, ne veut donc pas, a priori, de la R?publique sahraouie dans cet ensemble, ni d?un Maghreb o? tous les peuples sont libres et ma?tres de leur avenir? On ne s?attardera pas sur les enjeux nouveaux autour de ce que certains consid?rent comme ?l?Islam de France?. L?autre obstacle qui se dresse devant un rapprochement des points de vue entre Alger et Paris sur l?UPM, tient des divergences m?mes entre l?Occident et le monde musulman sur la Palestine et, plus proche dans le temps, de la position ambigu? de l?Europe devant les crimes de guerre commis ? Ghaza. R?cemment, c?est le chef de la diplomatie alg?rienne, Mourad Medelci, le canal est bien choisi, qui a d?clar? que cela posait un s?rieux probl?me devant toute ?volution de l?UMP. Il disait ainsi tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Reste maintenant ? savoir quelle attitude va alors adopter Nicolas Sarkozy, lui qui a tant insist? pour t?moigner ? Abdelaziz Bouteflika que Paris tient ? demeurer le premier partenaire de l?Alg?rie, en recevant le chef de l?Etat dans ce qui sera sa premi?re sortie depuis sa r??lection pour un troisi?me mandat. L?on sait que, d?ici l?, un cort?ge de responsables fran?ais devraient faire l?aller-retour, et pour adoucir le climat g?n?ral et pour mettre la touche finale aux dossiers ? l?ordre du jour de cette visite. Fin avril, le pr?sident de la commission des AE de l?Assembl?e nationale fran?aise, Axel Poniatowski, a ouvert le bal avec l?audience que lui a accord?e Mourad Medelci. Il est vrai, par ailleurs, et surtout que dans le contexte actuel, la crise ?conomique aidant, Alger dispose encore de plusieurs atouts en main ? mettre sur la table.