?La meilleure chose qu?on puisse dire d?un pr?dicateur est qu?il s?est dispens? du monde des hommes - de sorte que ces derniers ne craignent pas qu?il le leur s?questre - et qu?il a donn? tout le bien qu?il poss?dait - de sorte que les d?l?gations humaines se succ?dent ? sa porte pour qu?mander sa sollicitude. Et c?est l? le sens que No? a voulu inculquer ? son peuple: ?Si vous vous d?tournez, alors je ne vous ai pas demand? de salaire... Mon salaire n?incombe qu?? Dieu. Et il m?a ?t? command? d??tre du nombre des soumis?. Le proverbe est on ne peut plus vrai: L?avidit? a humili? les hommes Rien n?est plus difficile ? conqu?rir, par les diverses figures de la tentation, qu?un asc?te qui observe les hommes, en ?tant immunis? contre le sentiment de l?envie qui le rapprocherait du monde alors qu?il doit s?en ?loigner, ou contre le sentiment de la crainte qui l??loignerait du monde alors qu?il doit s?en rapprocher. Non, la richesse qu?il d?tient en son c?ur le prot?ge d?finitivement de ces br?ches qui humilient les rois. Sereine est son ?me, fi?re est son allure du fait des tr?sors qu?il poss?de exclusivement aupr?s de Dieu. ?purer ses principes de tout dessein lucratif est la signification de cet asc?tisme en lequel trouvaient refuge les Im?ms et qui fut c?l?br? par les savants. L?asc?tisme n?est ni une ignorance des choses de la vie, ni une d?sertion de l?activit? humaine, ni une incapacit? ? pratiquer tel ou tel m?tier, ni encore un renoncement aux d?lices de la vie, soit parce qu?on ne parvient pas ? les atteindre, soit parce qu?on est suffisamment stupide pour ne pas go?ter ? la beaut? que Dieu y a plac?e. Que de Proph?tes ont joui de biens terrestres et d?une descendance, en ?tant malgr? tout des asc?tes ! Et que de d?sh?rit?s ont pass? leur vie ? envier un sort meilleur et ? s?en l?cher les l?vres, sans que leur pauvret? ne rel?ve pour autant leur statut moral, ni augmente le nombre de leurs m?rites. L?asc?tisme consiste ? ne pas ?changer ses id?aux contre tous les tr?sors du monde, si jamais on est amen? ? effectuer un choix entre ceux-ci et ceux-l?. Dieu a bl?m? ces gens qui ont pr?f?r? le bas monde ? l?au-del? : ?Il en est ainsi, parce qu?ils ont aim? la vie pr?sente plus que l?au-del?. Et Dieu, vraiment, ne guide pas les gens m?cr?ants. Voil? ceux dont Dieu a scell? les c?urs, les oreilles et les yeux. Ce sont eux les insouciants?. Quant au fait de sentir les bienfaits de Dieu, d?en jouir et d?en go?ter la douceur ? travers son corps et son esprit, il n?y a l? rien qui entache les vertus d?un homme croyant, militant et fid?le ? ses principes. Ne voyons-nous pas le Noble Coran attirer l?attention sur un aspect des bienfaits que Dieu a accord?s aux hommes, lorsqu?il leur dit au sujet de la domestication des bestiaux : ? Vous contemplez leur beaut? quand vous les ramenez, le soir, ainsi que le matin quand vous les l?chez pour le p?turaeg?? Cette beaut?-l? est d?j? une faveur qui m?rite d??tre rappel?e. Que dire alors des autres formes de beaut? sup?rieure, et que Dieu a accord?es - toutes sans exception - aux croyants? Les hommes de principes peuvent ?prouver quelque amour pour certaines choses de ce monde, mais rien qui puisse leur plaire ne s?interposera entre eux et leur Seigneur, ni rabaissera ? leurs yeux la valeur de la v?rit?, ni les humiliera ? la face de l?humanit?...?