2?me partie Notre m?decin joue sur plusieurs registres de l?humour sans oublier celui pince-sans rire, presque britannique. N?oubliant pas sa profession, il fustige la tendance, ? l?ind?pendance, de former des m?decins au rabais sous pr?texte du manque crucial de praticiens: ?Car en ?fabriquant? ainsi une s?rie de m?decins ?abr?g?s?, on pourrait esp?rer parvenir ? coup s?r ? abr?ger la vie de nos malades, petits ou grands. Assur?ment, il n?y avait pas de quoi rire?. Le pamphl?taire, peut-il ?viter de s?attaquer directement aux personnages qui symbolisent ? ses yeux les tares qu?il combat? Laissons d?abord Pierre Dominique r?pondre: ?Que de fois (?) des directeurs m?ont dit: ?Ecrivez ce que vous voudrez mais ne vous en prenez pas aux personnes (?) Or, on ne sent vraiment devant soi la sottise, la m?chancet?? etc., on se trouve donc dans l?obligation de leur envoyer un pli -un article, un pamphlet- que s?il y a de ces magnifiques vices ? figuration humaines. S?en prendre ? l?Injustice, cela ne m?ne ? rien, ? l?Injuste cela m?ne au moins ? des ex?cutions qui peuvent ?tre admirables?. Khaldi, quant ? lui, issu d?une soci?t? longtemps domin?e, une soci?t? qui n?avait plus aucune prise sur son destin, avait ? c?ur de contribuer ? sa r?g?n?rescence, ? sa renaissance. Toute son action ?tait tendue vers ce but. L?immolation des louches personnages, de ceux dont les travers pouvaient ?tre nuisibles ? cette volont? de renaissance, avait une valeur ?minemment ?ducative. Pour reprendre Pierre Dominique: ?Le plus souvent, le pol?miste n?est pas men? par le souci de nuire, mais par le besoin du combat, de l?action?. Et Khaldi aurait pu ajouter que ce combat est essentiellement social, voire civilisationnel. Il n??crivait pas simplement pour le plaisir d??crire, bien que nous sentons dans ses pamphlets cette joie gourmande de ciseler les mots destin?s ? faire mouche, mais se sentait investi d?une haute mission assimil?e ? un v?ritable sacerdoce: ?Ce billet (est) d?ordinaire consacr? ? abattre un coup de cravache sur le vilain museau de quelque canaille (?) D?abord un distinguo: Comment situer le pol?miste par rapport ? la canaille qu?il flagelle? L?un porte sa cause dans son ?me, l?autre dans son ventre ou son bas-ventre (?) Le pol?miste est l?homme du refus, de la r?volte, l?autre un ?b?ni oui-oui? incurable, voire contagieux pour sa prog?niture?. Et notre pamphl?taire de croquer toute une s?rie de portraits apr?s avoir d?crit un ?pr?cis de la m?thode?: ??puisque nos p?cheurs ne veulent pas aller ? la confesse, allons nous-m?mes dans les profondeurs de leurs tripes pour leur arracher les v?rit?s enfouies?. Et les personnages de d?filer sous nos yeux amus?s: ?C?est un personnage hors-s?rie: coriace dans la ?continuit??, ?clectique dans les ?ouvertures?, il colle ? toutes les conjonctures avec s?r?nit??. ?Il si?ge maintenant au conclave des ?Invisibles? tout en poussant des pseudopodes vers les sph?res de l??cum?nisme ?sophagien?. ??celui qui ? d?faut de se faire comprendre, sait au moins se faire entendre?. ??apr?s le triomphe d?un jour, sonne le glas du n?ant?. A la suite de ses illustres pr?d?cesseurs, comme Rivarol: ?Les vrais repr?sentants d?une nation ne sont pas ceux qui font sa volont? du moment, mais ceux qui interpr?tent et suivent sa volont? ?ternelle?, ces billets ont l?accent des grands visionnaires, de ceux qui embrassent l?Histoire d?un regard d?aigle: ?Si l?h?ro?sme se mesure ? la grandeur du dessein et ? la petitesse des moyens, on doit admettre qu?il y eut d?innombrables h?ros parmi nos combattants?. Abderrahmane Benamara