De passage ? Sidi Bel-Abb?s avec sa compagnie ?La baraka?, le chor?graphe Sofiane Abou Lagra? a bien voulu parler bri?vement de son m?tier qu?il tient pour essentiel dans sa vie et se sent plein d??nergie pour aller encore plus loin en qu?te de beaut?. -La voix de l?Oranie: Pendant les r?p?titions, les artistes pr?sents ont senti un groupe tr?s communicatif autour de vous? -Sofiane Abou Lagra?: C?est la base du travail que de r?ussir ? harmoniser les membres d?une troupe; de cr?er une interaction qui puisse ?tablir non seulement des liens professionnels mais aussi affectifs.Et afin que chacun puisse donner le meilleur de lui-m?me, d?autant plus que l?art chor?graphique s?appuie sur l?intensit? et la concentration du corps. Oui, nous communiquons entre nous parfaitement. -Cela se voit visiblement dans le spectacle ?Allegoria Stanza?. Mais pourquoi ?Allegoria Stanza?? -En fait, c?est d?abord des impressions face ? la mer. Ensuite, c?est venu par ? coup, un po?me sorti de mon propre v?cu, un peu dans l?esprit de la ?Madeleine de Proust?. L?enfance oranaise, l??veil de mon propre ?tre, des r?miniscences et aussi les pr?misses de la danse, cela m?a conduit sans fracas vers la chor?graphie. Cela s?est d?velopp? naturellement. A 16 ans, tout s?est d?clench? par le truchement d?une amie chez qui je prenais des cours de jazz. -Pourquoi ce titre de ta compagnie, du reste ?vocateur de ?La baraka?? -Je le dois ? ma grand-m?re, aujourd?hui d?c?d?e qui m?a prodigu?e ?barakat?ha? et a fait une pri?re pour que je r?alise mon r?ve. C?est un hommage ? sa m?moire. C?est mon porte-bonheur, c?est aussi de l? que je puise ma force. -Pour revenir au groupe, il y a un esprit formidable de m?tissage de culture, comment tu g?res cette richesse? -Absolument, il s?agit bien d?une richesse. Cette diversit? facilite l?inspiration, permet une alchimie des corps et du verbe, constitue m?me le langage qui se veut universel. Par exemple, l?all?gorie de l?amour et de la libert? est repr?sent?e par ces vagues et les remous de la mer, voyage hom?rique o? se m?le douleur et joie, les ?tres recherchent les havres de paix. Ce n?est pas un songe, c?est r?el. On aspire au bonheur. Lib?rons le corps en pr?servant la vertu des gestes. -Ton c?t? ?gyptien n?est-il pas d?un apport fondamental, de l?Orient qui se marie avec l?Occident? -Cette question me touche vraiment. Elle traduit mon affect maternel, oui l?impact de la mer est si profond que seul un po?me peut faire rejaillir cette ?motion et quand l?art de l?exprimer est chor?graphique, alors c?est simplement lumineux ?il y a comme un mal de mer et en m?me temps, cela berce. -Peut-on dire que ?All?goria Stanza? est un chant de l?enfance? -On recherche toujours ce retour ? l?enfance et l?art est un moyen au moins de nous ramener ? cette nostalgie. -On a remarqu? lors du spectacle donn? hier en soir?e que le public a vraiment ?march?? dans ton r?cit et m?me a ?t? transport? par chaque geste de tes danseurs? -Ah oui, vraiment j?ai ?t? tr?s content, d?autant que notre public n?a pas souvent l?occasion d?assister ? ce genre de spectacles. Preuve qu?il faut ?tre performant si on veut que les spectateurs vous soit favorable surtout la chor?graphie. Surtout faire voir le beau. C?est le propre de l?homme, je crois.Mes danseurs et moi, avons ?t? ravis de rencontrer l?aimable cit? de Sidi Bel-Abb?s et sa population. On reviendra un jour, inch?Allah. Entretien r?alis? par Ahmed Mehaoudi