Les férus du quatrième art étaient conviés, vendredi en début de soirée, à une expérience assez originale avec la représentation générale de la pièce «Ettafah» de Abdelkader Alloula, que proposait la jeune association culturelle El-Istijmam composée du metteur en scène Jamil Benhamadouch et des comédiens Rahab Alloula, Amine Boukraa, Jallal Hadjel et Mustapha Lakhdari. L'originalité du spectacle donné par la jeune formation réside dans l'espace choisi pour la représentation de leur première production théâtrale qui renoue avec la tradition de la halqa, qu'avait expérimentée le défunt dramaturge à travers la majeure partie de son œuvre et également par l'incarnation d'un personnage central de la pièce par un élément féminin du groupe. La représentation a eu lieu sur la plateforme d'une pergola attenante à la salle des fêtes Dar Diaf, située sur la route de Canastel qui longe les falaises en offrant une splendide vue panoramique sur la baie d'Oran, à l'ouest, et les nouvelles constructions, dont le Centre des Conventions en cours d'achèvement, qui phagocytent les quelques arpents de terre, vers l'est. Des tapis posés à même le sol et quelques rangées de chaises en demi- cercle auront suffi pour délimiter l'espace scénique de halqa où devaient évoluer les comédiens. Une scène totalement dépouillée avec pour seul décor le bleu du ciel et l'immensité de la mer et pour seul accessoire un cube en bois qui servira à la fois de banc et de siège sanitaire où les personnages viennent se soulager en vomissant leur détresse et leurs rancœurs. Car Ettefah, une des toutes dernières pièces du dramaturge Abdelkader Alloula, relate les tribulations et le cri de révolte de trois personnages qui se retrouveront dans des toilettes publiques constituant pour eux le seul espace d'expression. Un travailleur qui manque de ressources et souffre de ne pouvoir assouvir les envies de son épouse enceinte, un comédien en quête d'espace pour s'exprimer et un tenancier de toilettes publiques, ancien syndicaliste en retraite. Le public présent à cette représentation de l'association Istijmam a manifestement exprimé son adhésion à cette expérience inédite même si les idées véhiculées dans la pièce ont du prendre quelques rides et les comédiens ont eu, par endroits, tendance à se laisser aller, pour forcer le rire, à l'improvisation facile qui dénature un texte qui pourtant ne manque pas d'humour.