Un groupe de personnalités, issues de la famille révolutionnaire, a décidé de coordonner son action pour lancer ‘l'Initiative des fidèles au FLN/ALN', afin de faire revivre l'idéal de leurs parents. Dans un document remis à la rédaction et signé par l'ancien président de la Coordination nationale des enfants de chouhada, Lakhdar Bensaïd, les initiateurs de ce mouvement composé de moudjahidin, d'enfants de chouhada et d'enfants de moudjahidin plaident pour «l'identification des 10.000 faux moudjahidin qui ont fait l'objet d'une reconnaissance officielle». Partant de ce constat, ce mouvement se donne un cadre d'action pour la «nécessaire réhabilitation des hommes» qui sont restés, selon ce mouvement, fidèles à l'esprit de la Révolution. Ils demandent aussi à ce qu'il soit procédé à l'épuration du FLN par l'éviction de ses rangs des personnes «infiltrées». Ce nouveau mouvement en voie de structuration exige également de l'Etat français une «repentance officielle» ainsi que le dédommagement des «préjudices causés aux Algériens» tout au long de l'ère coloniale. Avant cette sortie, le colonel à la retraite, Ahmed Bencherif, ex-ministre sous Houari Boumediène, ancien membre du Conseil de la Révolution et ancien patron de la gendarmerie nationale, avait révélé l'existence d'un vaste trafic de fausses attestations de moudjahidin (anciens combattants de la guerre de Libération) qui donnent droit à de nombreux privilèges (pensions substantielles, gratuité des soins, priorité dans l'accès au logement, facilités pour l'importation de véhicules). Avant lui, le moudjahid Mustapha Bougouba a été le premier à monter au créneau pour dénoncer publiquement l'affaire des faux moudjahidin, en menant une croisade contre le ministre des Moudjahidin, Cherif Abbès. Il avait, à l'époque, lancé un ultimatum aux pouvoirs publics lors d'une conférence de presse, organisée à la Maison de la presse, pour épurer l'Organisation nationale des moudjahidin (ONM) «ou à défaut, dira-t-il, il ira en justice pour révéler la liste des personnalités qui ont bénéficié frauduleusement de ce statut». Entouré d'anciens combattants, il accusera le ministre Cherif Abbès d'avoir torpillé l'opération d'épuration lors de son passage au Parlement où il a avancé le chiffre de 10.000 faux moudjahiddine, alors qu'en réalité, soutient Bougouba, ce chiffre est très loin de la réalité. «Le ministre ne veut pas procéder à l'épuration, dans les rangs de l'Organisation, des faux moudjahidin. Il existe tout un réseau constitué de faux moudjahidin au sein des différentes structures qui empêchent tout travail de réhabilitation. Le chiffre avancé par Cherif Abbès n'est en réalité qu'une manœuvre politique pour enterrer le dossier», dit-il. A titre indicatif, il annoncera qu'à la mort de Houari Boumediène, l'Algérie comptait 250.000 moudjahidin, un chiffre qui est passé, selon lui, à 500.000 durant la période de Chadli pour arriver en fin de compte à quelque 2.500.000 moudjahidin. Un autre moudjahid, Sekfali Sebti, présent à la conférence de presse, injustement radié des rangs des moudjahidin, selon lui, a fait des révélations fracassantes en indiquant que certains responsables de l'ONM ainsi que ceux du ministère des Moudjahidin «se rencontraient périodiquement à Nice dans un hôtel appartenant à un Harki». Il a affirmé ensuite que ces rencontres «servaient, en réalité, à établir un vaste marché de vente de cartes de moudjahidin».