On peut se demander parfois si le système éducatif algérien est entre de bonnes mains et s'il remplit correctement les fonctions de transmission du savoir qui lui ont été assignées par les différentes instances politiques du pays. On peut aussi se demander si le même système éducatif remplit sans parti pris ni aucune discrimination son devoir de mémoire vis-à-vis des sacrifices consentis par la nation et plus particulièrement par celles et ceux qui ont donné leur vie pour que nous puissions vivre libres dans un Etat souverain. Ces questions nous viennent à l'esprit quand nous tombons par pur hasard sur le texte d'une épreuve de français posée lors de la session de mai 2009 du bac blanc au lycée des Ouled-Haddadj (Boumerdès). Dans le texte soumis à commentaire, nous apprenons avec stupéfaction que le FLN a été “fondé au Caire par Ahmed Ben Bella afin de coordonner l'action armée sur le territoire algérien”. Comment peut-on, en un tour de phrase effacer le nom des six dirigeants désignés par le groupe de 21 l'été 1954 et celui des deux autres membres du groupe du Caire ? Un peu plus loin, nous apprenons que “les actions de guérilla menées par Messali Hadj commencent le 1er Novembre 1954 dans les Aurès, pour s'étendre dans toutes les villes aussi bien que dans les campagnes”. Il est vrai que des groupes armés fidèles au grand dirigeant nationaliste de l'ENA-PPA-MTLD ont mené des actions dès novembre 1954, mais il est tout aussi vrai que l'appel à la lutte armée a été signé par le FLN-ALN le 1er Novembre 1954 et que des hommes se sont engagés dans la bataille sous sa bannière. C'est aussi sous l'égide du FLN-ALN que le combat va aboutir en juillet 1962 à l'indépendance du pays. Pourquoi maintenir de telles confusions dans l'esprit des jeunes candidats au baccalauréat algérien ? Sans trop nous étaler sur les multiples contre-sens sinon contre-vérités du texte, nous relevons avec stupéfaction qu'il s'agit d'un document pris de la Collection Microsoft‚ Encarta 2005, 1993-2004 Microsoft Corporation. Quid des multiples inspections académiques et directions des examens du ministère de l'Education ? Il n'est pas étonnant à lire ce genre de texte et les questions posées en annexe aux élèves de terminale que de très nombreux militants nationalistes et autres moudjahidine se soient vu reprocher par leurs propres enfants d'avoir menti sur leur passé puisqu'ils avaient appris une autre version des faits à l'école. Comme on a déjà commencé dans un passé très proche à éliminer par des assassinats ciblés de valeureux moudjahidine, on arrivera peut-être un jour à cracher sur leurs tombes. Est-ce cela le sort que réserve le système éducatif algérien à celles et ceux qui lui ont permis d'être ? D. D. (*) Maître de conférences, Université d'Alger-Bouzaréah