La star de la musique raï, Cheb Mami, Mohamed Khelifati de son vrai nom, a été condamnée hier, à l'issue d'un procès ouvert jeudi au Tribunal correctionnel de Bobigny, à cinq ans de prison pour «des violences infligées en août 2005 à son ex-compagne». Une peine moins sévère que les sept ans requis jeudi par la procureure. Certains témoignages ont dû jouer en sa faveur. Toutes les personnes interrogées lors de l'instruction et citées dans le rapport d'expertise décrivent Cheb Mami comme une personne "irréprochable, gentille, discrète, abordable et rigoureuse". Certains témoignages se sont dits "étonnés" que le mis en cause se soit conduit ainsi. Toujours est-il, Cheb Mami, arrivé en France lundi dernier après deux ans de fuite et mis en prison depuis, arrivé au procès en chemisette blanche, le visage fermé, a été ainsi reconnu coupable de «tentative d'avortement forcé sur son ex-compagne». Son agent Michel Le Corre, alias «Levy», qui comparaissait libre, a été condamné, lui, à quatre ans de prison et immédiatement écroué. Quant à Hicham Lazaar et Abdelkader Lallali, exécutants présumés des violences, ont écopé eux, par défaut, de respectivement trois et six ans de prison et des mandats d'arrêt ont été ainsi délivrés à leur encontre. «Je regrette tout ce qui s'est passé. Je lui demande pardon, je regrette», a lancé Cheb Mami, jeudi, lors de son procès, reconnaissant ainsi sa responsabilité mais en soulignant avoir été piégé. "Je lui demande pardon, je regrette", lançait encore le chanteur –qui encourait dix ans de prison et 150.000 euros d'amende– avant la suspension de l'audience vers 23 heures. Durant l'audience, Mami a avoué en pleurs sa "faute grave", se présentant comme un homme "piégé par tout le monde". Par Camille (ce n'est pas son vrai nom) d'abord, cette "relation périodique", a-t-il dit. Par son manageur qui a proposé le traquenard algérois, par Abdelkader Lallali encore: l'homme de la villa qui aurait envoyé le chanteur «à l'hôtel Hilton" tandis qu'il se chargeait de la tentative d'avortement forcé. "Il y avait une pièce avec un matelas par terre, a raconté la jeune femme à la barre. J'ai été insultée: ‘Sale chienne, salope, t'as fauté', m'a dit Abdelkader. Ils m'ont lancé sur le matelas et m'ont arraché le pantalon. Ils me tenaient. Il y avait deux femmes: une à califourchon appuyant sur mon ventre, une qui me faisait saigner. On me faisait des piqûres régulièrement (…). Ça a été ça toute la nuit", témoignait la compagne de Mami qui était appelée à la barre et dont la fille est actuellement âgée de trois ans. Interrogée sur la suite à donner à cette affaire, Claire Doubliez, l'avocate du chanteur, a répondu: «Nous n'allons pas faire appel.» Elle devait affirmer que le prince du raï a accueilli sa condamnation avec «soulagement parce que tout ça est fini, mais aussi avec angoisse parce qu'il va devoir passer 5 ans en prison». Un soulagement visiblement partagé par la victime, satisfaite «de voir qu'à travers ces peines d'emprisonnement, le tribunal a compris les violences qu'elle a vécues».