R.N. Le verdict est tombé hier. Cheb Mami a été condamné à cinq ans de prison ferme pour des violences infligées en 2005 à son ex-compagne, qu'il voulait voir avorter. Il encourait une peine de dix ans d'emprisonnement et sept ans avaient été requis lors du procès, jeudi. Le tribunal a ordonné le maintien en détention de la star du raï, de son vrai nom Mohamed Khelifati, emprisonné à son retour en France, lundi, après deux ans de fuite en Algérie. Le chanteur s'est pris la tête dans les mains et a pleuré après la décision. Il va étudier l'éventualité d'un appel, a dit son avocate. «Pour parler très clairement, quand il s'est constitué prisonnier, il savait qu'il ne venait pas pour un mois et demi de prison», a dit Me Claire Doubliez, avocate de Cheb Mami, aux journalistes. «C'est une peine lourde mais le tribunal a tenu compte du contexte de l'affaire», estime-t-elle. Condamné pour complicité d'enlèvement et de séquestration, violences aggravées et complicité d'administration de substances nuisibles, Cheb Mami est relaxé du chef de menaces. Dans ce dossier où il jouait son avenir, le chanteur algérien de 42 ans, de son vrai nom Mohamed Khelifati, est en prison depuis lundi. Il est revenu en France pour faire face à ses juges après deux années de fuite en Algérie. Cheb Mami a vu sa célébrité culminer avec le tube mondial «Desert rose» en duo avec Sting en 2000. Son agent, Michel Le Corre, qui comparaissait libre, a été condamné à quatre ans de prison (six avaient été requis), et immédiatement écroué. Hicham Lazaar et Abdelkader Lallali, proches du chanteur et exécutants présumés des violences, devront purger respectivement trois et six ans de prison. Le tribunal a délivré des mandats d'arrêt à l'encontre des deux hommes qui n'étaient pas venus au procès. La procureure avait requis à leur encontre huit et dix ans d'emprisonnement. La victime avait été séquestrée les 28 et 29 août 2005 dans la villa du chanteur à Alger, où elle avait subi toute une nuit des brutalités de Kader Lallali et deux «avorteuses» non identifiées, à l'instigation de Cheb Mami et Michel Le Corre. Pendant le procès, Cheb Mami a parlé de «faute» et exprimé ses regrets. S'il a reconnu avoir été informé des faits, il en a rejeté la responsabilité sur son agent, assurant qu'il n'y avait pas assisté. Jeudi, la star avait reconnu sa responsabilité dans la tentative d'avortement de son ex-compagne, en affirmant avoir été piégé par son entourage. «J'étais dépassé», a-t-il dit en sanglots. «C'est contraire à mes principes, à ma religion. Je n'arrive pas à l'expliquer. J'ai fait une faute, c'est grave, le cauchemar. Je n'étais pas dans la villa mais je savais ce qui se passait», a-t-il déclaré. «Je regrette tout ce qui s'est passé. Je lui demande pardon, je regrette», a lancé le chanteur. Cheb Mami a la possibilité de faire appel de ce jugement.