Inattendu. Mami est passé aux aveux et a flanché. Hier, la star du raï, de son vrai nom Mohamed Khelifati, 42 ans, a reconnu devant le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis, France) les faits qu'on lui a attribués. Cheb Mami a tout dit et reconnu toutes les accusations. Les larmes aux yeux, il a avoué que son ex-compagne était venue dans sa villa d'Alger et que Kader s'était chargé de l'avortement avec deux autres femmes. « Oui, je savais qu' Isabelle Simon allait être avortée par Kader et deux femmes dans ma villa d'Alger », lâche Mami à la barre. Après plus de cinq heures de procès ouvert hier au tribunal correctionnel de Bobigny, le chanteur passe aux aveux. Mami est, pour rappel, poursuivi pour « complicité de violence volontaire en réunion » et « complicité d'administration de substance nuisible sur une personne vulnérable », sur son ancienne compagne, une photographe de presse de 43 ans en août 2005. Contrairement à ses dires tenus avant ce procès, Mami reconnaît qu'il était dans sa maison d'Alger quand Isabelle Simon est venue, amenée par Kader, absent à l'audience. A leur arrivée, Mami est sorti de la villa et parti à l'hôtel Hilton pour revenir plus tard, à la fin de « l'opération ». Une « opération » qui aurait donc duré toute la nuit. « A mon retour, vers 6h du matin, Kader m'a dit que tout s'était bien passé (…) ». Kader a signifié à Mami, selon ses aveux, qu'il avait vu quelques morceaux de l'utérus d'Isabelle ! « Cela devait se passer dans une clinique, mais à la dernière minute, Kader était obligé de pratiquer l'avortement à cause de certains obstacles », craque Mami. « …Oui, je savais (…) J'étais très dépassé (…) Je ne sais pas… », lance-t-il en pleurant. « Je n'ai jamais voulu de cet enfant. Il est contraire à ma religion, ma culture et ma personnalité », lâche-t-il. Et d'ajouter : « C'est une honte pour moi (l'enfant. ndlr). » Le chanteur avoue également qu'il « n'a jamais accepté d'utiliser… de préservatifs ! ». Avant qu'il ne cède, Mami ne cessait de répéter qu'il avait été « piégé » en affirmant avoir toujours été discret dans sa vie privée. « Je ne fréquentais pas beaucoup de monde, je n'avais pas d'amis, ma famille en France, c'était mon groupe de musique (…) Je manquais de confiance en moi ». Quand la juge évoque un problème d'alcool, Mami dément : « Non, jamais. Je bois comme tous les autres. Je buvais après les concerts pour me lâcher un peu. » Pourquoi a-t-il pris la fuite vers l'Algérie ? Cheb Mami explique : « Ma famille me manquait, j'ai pété un plomb et je suis parti… Mais dans ma tête, j'ai toujours dit que je serai là le jour du jugement (...) J'ai fait une faute, voilà », regrette-t-il. Révélations Trois autres prévenus, dont son ex-manager, Michel Levy, sous contrôle judiciaire, sont également poursuivis pour les même faits. Son homme de confiance, Hicham Lazaâr et Abdelkader Lallali, ce dernier soupçonné d'être son homme de main, contre lequel a été lancé un mandat d'arrêt, ne se sont pas présentés au procès. Mami surprend donc ses avocats qui ne semblaient ne pas être au courant de ce qu'il allait avouer. Jusqu'à la fin de la journée d'hier, outre l'audience de Michel Levy, ex-manager de la star, plusieurs heures ont été consacrées aux plaidoiries puis aux réquisitoires. Le procès, très attendu, a attriré, sans aucune surprise, plusieurs représentants des médias français et internationaux. En chemise blanche et pantalon noir, Mami avait fait son entrée vers 10 h hier (heure française) dans la salle. Visage pâle, très tendu, la star du raï a discuté avec ses conseillers, lançant aussi des regards aux nombreux journalistes assis au fond de la salle. Sous les yeux de son ex-compagne Isabelle Simon, Mami a écouté le président du tribunal, mains dernière le dos, lorsqu'elle énonçait les chefs d'accusation en passant nerveusement les mains sur le visage et le front et ne parvenant pas toujours à retenir ses sanglots. D'autres révélations ont éclaté. On apprit ainsi que le chanteur avait une fille d'un mariage avec une Hollandaise, de laquelle il finit par divorcer. Il se remaria en Algérie en octobre 2006 avec une Algérienne de 19 ans avec laquelle il eut un garçon. On découvrit également qu'il ne touchait plus ses droits d'auteur, mais qu'il gagne aussi sa vie dans l'immobilier en Algérie avec des revenus « entre 400 à 500 millions de centimes par mois ». Le procureur a requis 7 ans de prison à l'encontre de Mami, avec maintien de la détention, 6 ans contre Michel Levy avec mandat de dépôt, 10 ans pour Abdelkader Lallali et 8 ans pour Hichem Lazâr. Le verdict est attendu pour aujourd'hui. Nassima Oulebsir , Samy Ousi-Ali