En ces temps de canicule, les jeunes de Remchi ne songent plus qu'à se mettre à l'ombre pour se reposer d'une année scolaire bien chargée ou fuir carrément la région pour le ciel plus clément des plages, mais le soir venu, ils renouent avec la mal vie. Quoi de plus naturel en effet, qu'une bonne trempette dans les eaux de la grande bleue qui vous tend les bras à un jet de Karsan, d'autant plus que la piscine semi-olympique, dont la réalisation s'éternise depuis près de trois ans, n'est pas près d'ouvrir ses portes? C'est ainsi que chaque après-midi pour les mieux nantis et chaque week-end pour les autres, on voit les jeunes s'organiser comme ils peuvent, en groupe ou individuellement, pour s'offrir une virée vers les plages encombrées du littoral témouchentois, Rachgoun, Madrid et/ou Béni-Saf, l'habitude étant une seconde nature, quand on sait que cette côte a de tous temps attiré les estivants de la région des Zianides. Rares en effet, sont ceux qui préfèrent se rendre à Honaïne, dont les routes d'accès et les plages n'offrent aucun prétexte à engouement, si ce n'est le calme et la sérénité recherchés par les familles. Les transporteurs publics en profitent pour rentabiliser leur parc roulant, pour offrir à ces jeunes des forfaits à la journée. Les départs ont lieu généralement vers 05 ou 06h00 du matin, ce qui leur donne le temps de revenir charger une ou deux fournées supplémentaires, tandis que le retour s'étale à partir de 16h00 voire jusqu'à 19 ou 20h00, heure à laquelle cesse la surveillance des plages. La circulation sur les routes menant vers le littoral témouchentois s'en ressent évidemment, au vu des bouchons qui se forment à l'entrée de Rachgoun, tellement le flux des véhicules a du mal à s'écouler, malgré la présence des barrages fixes et/ou routiers dressés par les éléments de la maréchaussée. D'autres jeunes choisissent quant à eux, de s'y rendre en deux roues pétaradantes et s'exposent à tous les dangers, d'autant que plusieurs sont ceux qui circulent sans casque, en se faufilant à travers les files de voitures, au risque de se faire envoyer dans les décors par un automobiliste plus irascible que les autres. Après une journée d'évasion passée sur ces plages, de retour le soir venu, bon nombre de jeunes renouent avec l'oisiveté, le manque d'animation aidant. Dès la tombée de la nuit, la ville de Remchi se donne l'aspect d'une cité morte, au vu de ses rues pratiquement désertes et des rares commerces ou cafés restés ouverts. Quant aux salles de spectacles ou d'animation, il faut les chercher ailleurs que dans cette ville dortoir et pour cause. La seule salle de cinéma dont elle disposait, est fermée depuis belle lurette et abandonnée à la poussière et aux toiles d'araignées. «En matière de culture, nous avons l'impression d'être revenus à l'âge de la pierre, tellement notre retard est grand, malgré la bibliothèque communale, la Maison des Jeunes et la médiathèque, dont les horaires ne sont pas bien adaptés à nos besoins. D'ailleurs, les responsables du secteur ne font absolument rien pour améliorer les choses sur ce plan-là», s'insurge un étudiant qui traîne sa peine dans la rue, en attendant d'être assez fatigué pour rentrer se coucher. Et son ami de renchérir: «Les jeunes de Remchi supportent mal l'absence de distractions nocturnes saines et faute de mieux, beaucoup d'entre eux se laissent entraîner à la consommation de la drogue et/ou de l'alcool».