Vingt-huit personnes ont été arrêtées lors des émeutes déclenchées suite à l'accident mortel survenu sur la RN98 et ayant coûté la vie à 16 personnes, dont treize ont été placées hier sous mandat de dépôt alors que huit mineurs ont été remis en liberté et sept personnes ont bénéficié d'une citation directe. Et à l'issue de la décision de justice, les familles des personnes écrouées ont annoncé une grève de la faim. Mais force est de constater que ce qui s'est passé à Ghazaouet démontre véritablement l'existence de cette hémorragie causée par les trafiquants de carburant qui continuent de semer la terreur, mettant des vies humaines en danger. «Il est temps donc aujourd'hui, que les autorités locales de la wilaya revoient leurs feuilles de note et songent à mettre en application des mesures fiables et concrètes pour préserver la vie des innocents», fera remarquer un citoyen, encore sous le choc. D'ailleurs, la tension était toujours tendue, confirmée d'ailleurs par la présence des forces de sécurité installées aux différents endroits stratégiques, particulièrement devant les édifices publics dont la majorité a subi, sous l'effet de la colère, des dégâts matériels importants. A ce titre, rappelons que des documents administratifs et des ordinateurs appartenant au siège de la CNAS ont été complètement détruits. On signalera aussi qu'un écran plasma a carrément été mis en miettes. D'autres structures administratives communales ont complètement été saccagées, elles aussi. Cependant, aucun incident n'a été signalé, après les obsèques des victimes, mis à part quelques jets de pierres au niveau du quartier, «Les sables» à Sidi Amar, qui visaient les éléments de la brigade antiémeute. Dans un autre contexte, les habitants interpellent le premier responsable de la wilaya à installer des feux tricolores dans la ville, interdire aux camions de s'approvisionner en carburant à la tombée de la nuit et obliger ces «engins de la mort» à contourner la ville, durant la journée, et ce, pour parer d'éventuels accidents. Et ce propos, un citoyen a tenu à rappeler qu'un arrêté du wali interdit justement aux poids lourds toute circulation sans remorques, et ce, pour dissuader les contrebandiers de carburants (hallaba), considérant que cette mesure a paradoxalement amené les transporteurs à contourner la loi et recourir aux remorques sans tenir compte des mesures de sécurité nécessaires. Il importe de signaler que cette bande frontalière est caractérisée par un flux important de trafiquants de ce précieux liquide qui portent un net préjudice à notre économie nationale et l'accident survenu samedi dernier a remis à la "une" de l'actualité "les crimes de la route" qui continuent à faire des morts, occasionnés pour la plupart par des chauffards aux allures d'aigles. Le sinistre, pour rappel, est survenu lorsqu'un semi-remorque transportant du sable et un véhicule de transport de voyageurs sont entrés en collision, et beaucoup de citoyens avaient alors pensé qu'il s'agissait d'un véhicule de hallab. Au cours des quatre premiers mois de l'année, 231 accidents de la circulation ont été enregistrés à travers le territoire de la wilaya de Tlemcen, faisant 27 morts, alors que l'on dénombrait, selon un bilan de la gendarmerie nationale, 271 accidents de la route durant la même période de l'année précédente, faisant 35 morts. Il ressort aussi du rapport que ces drames routiers sont causés par l'homme, particulièrement les conducteurs de poids lourds (76% des cas).