Les prix des fruits et légumes ont connu, dans la matinée d'hier, une flambée vertigineuse. Au premier jour du mois sacré, la mercuriale inquiète déjà les ménages les plus modestes de la ville d'Oran. Dans les marchés les plus importants d'Oran, à savoir la Bastille et M'dina Djedida, le légume référence, la pomme de terre, est cédé entre 45 et 50 DA le kg, alors que son prix ne dépassait pas les 30 dinars, il y a quelques jours seulement. Tandis que le prix de la tomate a atteint, lui, la cime des 80 et 100 dinars le kg et celui de la salade, 75 dinars le kilo. Cette flambée reflète l'entrée en jeu, des spéculateurs et des intermédiaires. En effet, la marge bénéficiaire des marchands, si l'on compare les prix pratiqués au marché de gros et ceux du détail, est plus que conséquente. «On ne peut plus supporter cette situation. Je suis fonctionnaire et mère de 05 enfants. Avec mon salaire, je ne peux pas me permettre d'acheter tout ce dont j'ai besoin, à ces prix-là. Quand je pense que la rentrée scolaire approche à son tour, je me tiens bien la tête», dira Mme Karima qui ajoute: «Ces marchands sont des criminels.» Mêmes propos tenus par M. Mohamed que nous avons rencontré au marché la Bastille: «Sincèrement, je ne comprends plus rien. Je suis choqué par les prix affichés ce matin. J'ai peur de retourner chez moi avec un panier vide. Les marchands font la loi et ils ont choisi le ramadhan pour voler comme ils veulent.» Quant à Khaled, lui, il s'interroge sur l'absence du rôle des instances de contrôle et de l'association de protection des consommateurs: «Nous avons cru apprendre que les brigades de contrôle allaient renforcer leurs interventions pendant le mois sacré. Mais je constate que leur efficacité est loin d'être visible sur le terrain. Le citoyen est victime de la spéculation et de la cupidité des commerçants sans foi.» Dans ce même contexte, Y. Khadija dira: «Les pauvres n'ont plus de place dans ce pays, tant que ces commerçants cupides gardent la main mise sur le marché.» Les prix des fruits et légumes ont également connu une hausse dans les marchés des localités d'Arzew, Gdyel et Hassi Mefsoukh. La pomme de terre est donc vendue à 60 DA, la tomate à 90 dinars et les carottes à 70 dinars. Quant aux haricots verts et aux poivrons, leur prix a atteint les 120 DA le kg. Les commerçants expliquent que «cette hausse suit normalement celle constatée au niveau du marché de gros. Notre marge bénéficiaire est d'ailleurs dérisoire, car nous savons que les citoyens ne peuvent pas supporter d'autres augmentations dans les prix». En revanche, au niveau du marché de gros, les mandataires sont unanimes pour mettre à l'index les réseaux de spéculateurs qui contrôlent les leviers d'un créneau qui échappe totalement à la régulation. «La production a été inférieure, certes, à celle de l'année dernière, mais ne peut nullement justifier le niveau de ces prix». Pour ce qui est de la version des services de la direction du Commerce, il y a lieu de souligner que des sources responsables ont déjà affirmé, quelques jours avant le Ramadan, qu'ils ne pouvaient contrôler que les prix administrés par le gouvernement, à l'exemple du pain et du lait.