Alors que les concessionnaires automobiles n'ont pas encore digéré le frein sec du gouvernement sur le «crédit auto», ce même gouvernement s'apprête à servir de tube digestif à ces opérateurs pour «siphonner» leurs véhicules en mévente. Des commandes «fermes et importantes» seront proposées dès le mois prochains à tous les concessionnaires dans le cadre d'avis d'appels d'offres pour le renouvellement des parcs roulants des administrations publiques, avons-nous appris de bonnes sources. On comprend mieux pourquoi les professionnels de l'automobile qu'on ruait dans les brancards depuis le 30 juillet dernier se soient tus subitement. Les concessionnaires auraient en effet reçus, d'après nos sources, la garantie de bénéficier d'une bonne quote-part d'un immense plan de charge public à partir du mois de septembre. Tous les concessionnaires auraient ainsi droit à des commandes fermes de «milliers de véhicules» de la part des pouvoirs publics. Des sources proches du dossier confient que les autorités voudraient ainsi rectifier le tir après la suppression du crédit auto qui va réduire drastiquement leurs bénéfices. Mais pas seulement. La rumeur sur le boycott de la 13ème édition du Salon international de l'automobile d'Alger (SIA), prévu du 29 septembre au 10 octobre 2009, par les concessionnaires semble avoir été prises très au sérieux par les autorités. Une telle mesure constituant un grand échec politique, les pouvoirs publics ont donc anticipé les choses en lançant leur appât sous forme d'un immense plan public d'achat de véhicules auprès des concessionnaires agréés. Le gouvernement entend participer à l'écoulement des voitures neuves qui ne trouvent plus acheteurs la fin du crédit auto. Pour ce faire, les administrations publiques centrales et locales vont lancer dès le mois prochain, confient nos sources, des appels d'offres pour la fourniture de tous types de véhicules de tourisme. Cette opération, qui s'apparente à un renouvellement total du parc roulant des administrations, devrait engloutir des milliards de dinars au Trésor public. Mais le plus important apparemment c'est d'obtenir le silence des concessionnaires qui multipliaient les rencontres entrant dans le cadre de leur association, AC2A, pour trouver une solution «magique» à même de pallier la suppression du crédit auto. Nos sources avancent l'hypothèse la plus consensuelle retenue, à savoir le «crédit-maison» consistant pour chaque concessionnaire de négocier avec la maison mère pour accorder une sorte de «crédit fournisseur» aux clients. Concrètement l'acheteur va s'endetter chez le concessionnaire qui lui vend la voiture moyennant des conditions plus sévère en guise de garantie de remboursement. Mais en attendant de voir plus clair, les concessionnaires automobiles sont plutôt sereins et pour certains le «retour» du crédit auto «n'est qu'une question de mois».