Après avoir séduit le public sur la minuscule scène du Centre culturel Seghier-Benali de Haï Dhaïa par sa remarquable prestation, lors de la représentation, samedi en soirée, de la pièce Et-Teffah de Abdelkader-Alloula, Blaha Benziane devait retrouver le même espace, jeudi en soirée, pour briller dans un autre registre où il excelle, la poésie melhoun. Le virevoltant comédien, dont le public présent avait manifestement suivi les tribulations dans le sitcom Djemaï Family, diffusé par la télévision nationale durant la première quinzaine du mois de ramadhan, devait animer un récital de poésie melhoun qui était inscrit au programme d'animation culturelle initié par la Fondation Alloula dans le cadre du lancement de son Projet de Centre de documentation et d'archives sur le théâtre algérien, cofinancé par l'Union Européenne. Le récital de melhoun sera organisé en plein air dans l'arrière-cour verdoyante du centre culturel dans un cadre autrement plus clément et plus convivial que l'atmosphère close de l'amphithéâtre et rendue suffocante du fait d'une panne inopinée des climatiseurs. Une nombreuse assistance, composée essentiellement de femmes et d'enfants, suivra en silence et avec une étonnante attention les envolées de Blaha Benziane qui se fera un plaisir à faire savourer à son jeune public les plus belles qaçidate des grands chyoukh du melhoun de la région, disparus ou encore en vie. Le comédien, connu pour son inlassable travail de collecte de manuscrits, assure qu'il détient un impressionnant gisement d'œuvres poétiques qu'il tient à la disposition des équipes de recherche dans le patrimoine culturel immatériel. En cette soirée, il a délibérément choisi de puiser son récital dans deux genres: le poème à thème social et la poésie amoureuse, n'oubliant pas d'accompagner chaque poème par un commentaire sur son auteur ou par quelques anecdotes cocasses pour dérider l'atmosphère. Il inaugurera son récital par la déclamation du virulent poème «Eddachra» du poète contemporain Djillali Djelloul d'El-Bayadh, qui s'avère une cinglante satire sociale fustigeant les travers de la société algérienne et les agissements de nouveaux parvenus. Le poème sera accueilli par une chaleureuse ovation. Dans le genre ghazel, l'intervenant accordera une place particulière au poète Cheikh Abdelkader Khaldi et présentera deux célèbres qaçidate: Bakhta et Kheïra. Il poursuivra son récital avec deux pièces notoires du patrimoine oranais, en l'occurrence l'appel à la rébellion «Shab el baroud» de Cheikh Houari Hanani, poème qui a été malmené par beaucoup de chanteurs raï et vidé de sa substance patriotique, et l'incontournable «Biya daq el mor», à la paternité très controversée, certains l'attribuant à Cheikh Ahmed Benharrat et d'autres à Cheikh Hachemi Bensmir. «Nkechef del bloc» de Cheikh Benaïssa Tiareti retiendra l'attention et sera fortement appréciée parce que restituant parfaitement des scènes de vie dans un immeuble. Le comédien Blaha poursuivra son récital par des extraits du poème «Cheft mnème» du visionnaire Cheikh Zenagui Bouhafs avant de clôturer son intervention par la version authentique du poème «Arsam Ouahran» de Cheikh Benjelloul. Lui succédant, Mme Houaria Bensetti fera voyager le public dans l'enfance en présentant, à la manière chevrotante des aïeules, le conte du terroir «Azza ou Maazouza ou Qhil Ermad».