Après une tournée dans l'Est du pays qui les a conduits dans la ville de Khenchela où ils ont donné une représentation de «Et Toufah» de Aek Alloula, dans le cadre de la semaine culturelle oranaise, les éléments de la formation théâtrale oranaise «Le Triangle» ouvert étaient, samedi, sur les planches du Théâtre AEK Alloula pour donner une seconde représentation de la pièce qui est manifestement encore au stade des ultimes retouches avant la générale reportée sine die. Pour Saïd Missoum, la date de la représentation générale n'a pas encore été arrêtée. «Nous sommes encore au stade des répétitions», soulignera-t-il. «A chaque représentation, on tente d'intégrer quelque chose de nouveau dans la pièce (ombre chinoise, chi'r el melhoun, etc..)». Et dans ce jeu, le comédien Blaha Benziane, boute en train et un des fondateurs de la formation «Le Triangle ouvert», qui avait dans les années 90 créé, en compagnie de feu Sirat Boumédiène et Hamouda Bachir, la pièce dans une scénographie signée Zerrouki Boukhari, se sent comme un poisson dans l'eau à la faveur de cette reprise de la pièce signée Saïd Missoum. Et pour cause. Le comédien, qui est connu pour être un féru et un compilateur invétéré d'œuvres de poésie populaire chi'r el melhoum, s'en est donné à cœur joie au fil du spectacle tant la pièce était truffée de passages qui le replongeaient dans son art de prédilection. Il poussera même l'audace jusqu'à y greffer un préambule en melhoun dédié à l'artiste et de se laisser aller, par endroits, au cabotinage facile. Il faut dire que le comédien était en mal de scène, lui qui aujourd'hui a à son actif une remarquable carrière sur le petit écran. « Je n'ai pas été distribué au théâtre depuis les pièces «Sultan Lil Bi'e», «Telt Gboub» et «Nassin oua salatine». Dans cette nouvelle pièce, je me suis retrouvé. Moi de toute façon, je continue à faire de l'art que ce soit par le biais du théâtre, la télévision ou le chi'r el melhoun». Et de donner un aperçu de son agenda extrêmement chargé. «J'ai plusieurs projets en cours pour la télévision, notamment achever trois parties du sit-com ‘Djemaï Family', un autre sit-com en 24 épisodes, conçu par Mohamed Zitouni, dont quatre parties ont été réalisées et un feuilleton que doit réaliser Mohamed Houideg. Mais je retournerai au théâtre même si c'est pour un bout de rôle». La pièce «Et Toufah» relate les tribulations de trois personnages (un travailleur qui souffre de ne pouvoir assouvir les envies de son épouse enceinte et qui voit son usine détruite, un comédien en quête d'espace pour donner libre cours à son art et un gérant de toilettes publiques, ancien syndicaliste en retraite, qui trouveront dans ces lieux, que l'auteur a voulu «endhaf mel moustachfa oua ahsen mel qasr el bey» (plus propres que l'hôpital et plus belles que le Palais du Bey), un espace d'expression privilégié pour crier leur détresse. Pour traduire la limpidité du lieu, le scénographe Saïd Missoum a imaginé un décor très dépouillé fait de trois demi cylindres qui évoquent à la fois le «derreg» (bouclier de protection de nos aïeules) et des vespasiennes sur un plancher éclatant en damier en noir et blanc. La formation Le Triangle ouvert a inscrit dans son programme d'activités deux nouveaux projets : un spectacle de marionnettes, intitulé «L'intelligence», d'après un conte tiré du patrimoine universel ainsi qu'une pièce pour adultes, «L'île déserte», une adaptation libre signée Saïd Missoum d'après un texte de l'écrivain français natif d'Oran Emmanuel Roblès. Le montage de ces deux spectacles interviendra à la fin du cycle de représentations de la pièce «Et Toufah» dans le cadre d'une tournée avec le TRO.