Le public ne quitte pas la salle de répertoire sans demander aux organisateurs si une autre projection est prévue le lendemain. Les soirées dédiées à l'oeuvre de Abdelkader Alloula (1939-1994), avec des pièces projetées sur écran à la cinémathèque d'Oran, rencontrent un écho favorable auprès du public dont de nombreux jeunes, impressionnés par le génie créatif du regretté dramaturge. Au sortir de chaque séance, le public ne quitte pas la salle de répertoire sans demander aux organisateurs si une autre projection est prévue le lendemain. Pour certains spectateurs qui n'étaient pas encore nés au moment de la production de ses pièces, Alloula était manifestement un artiste «visionnaire» tant celles-ci sont toujours d'actualité. «Moi-même je suis très émue par l'intensité de l'intérêt manifesté par le public», a confié Mme Raja Alloula, la veuve de Abdelkader Alloula et présidente de la fondation éponyme qui se félicite de l'organisation de ce cycle thématique en collaboration avec la Cinémathèque algérienne. «L'admiration observée chez les jeunes est une preuve de l'omniprésence de la société algérienne dans l'oeuvre de Alloula, un homme dont la popularité reflète toute la lucidité, la vérité et la sincérité de son travail», a-t-elle souligné dans un entretien à l'APS. Cela montre également, a-t-elle ajouté, combien fut grande la dimension artistique et humaine de Alloula qui a consacré sa vie à donner un idéal aux jeunes. La présidente de la fondation Alloula dira, en outre, avoir souhaité la présence à ce cycle thématique d'artistes ayant côtoyé le dramaturge pour mieux faire connaître son oeuvre auprès du large public. Elle s'est réjoui également du projet de création d'un centre de documentation et d'archives théâtrales que sa fondation s'attelle à concrétiser avec un appui financier de l'Union européenne. Mme Raja Alloula fonde de gros espoirs sur la contribution algérienne qui est «indispensable» pour faire aboutir ce projet. «La fondation Alloula a encore besoin de la somme de un million de DA qu'elle doit mobiliser avant la fin octobre, faute de quoi le projet tombe à l'eau», a-t-elle averti. Le centre de documentation en question, domicilié au Centre Culturel Segheir-Benali de Haï Ibn Sina (ex-Petit-Lac), a pour objectifs, a-t-elle indiqué, de préserver la culture algérienne à travers le théâtre, de rassembler, répertorier, classer et archiver le fonds documentaire de l'oeuvre de Abdelkader Alloula, ainsi que d'encourager et soutenir les troupes et coopératives théâtrales de jeunes. Pour Mme Alloula, «ce projet est d'autant plus important que Alloula lui-même avait insisté de son vivant sur la nécessité de création d'une banque de données pour les jeunes, les universitaires et chercheurs». En attendant, plusieurs troupes théâtrales continuent de solliciter la fondation Alloula, à l'instar de celles du Triangle (Oran), Cirta (Boumerdès) et Istijmam (Oran) qui se produiront, la semaine prochaine, au Centre culturel Segheir-Benali, avec trois représentations différentes de la pièce Ettefeh (La Pomme) écrite et réalisée par Alloula en 1992. A la cinémathèque d'Oran, où l'entrée est gratuite au cycle Alloula, les pièces projetées depuis samedi dernier sont Laâleg (Les Sangsues), Hammam Rabi, El khobza et El Ajouad (Les Généreux). El Lithem (Le Voile) et Arlequin, valet de deux maîtres sont à l'affiche, respectivement jeudi et vendredi.