C'est un scandale qui risque d'éclater au grand jour dans la commune de Sidi Chami, suite à la correspondance adressée par le chef de la daïra d'Es-Sénia à la direction de la Jeunesse et des Sports de la wilaya, dans laquelle il relève nombre d'anomalies et d'irrégularités inhérentes aux travaux de réfection et de rénovation dont a bénéficié le stade communal. Dans son courrier, le chef de daïra invite même le maire de Sidi Chami à ne pas réceptionner ce stade. «Au moment où les pouvoir publics engagent des investissements considérables au profit du secteur de la jeunesse et des sports, j'ai le regret de vous informer que le nouveau gazon synthétique réalisé dans ce stade est de très mauvaise qualité, fait d'une matière vétuste qui ne répond pas aux normes technique en vigueur et ne favorise pas le développement d'un jeu de qualité», indique le chef de daïra d'Es-Sénia dans sa correspondance du 23 septembre, estimant que «la pelouse réalisée ne ressemble pas à celles réalisées dans les autres stades». Mieux encore, le chef de daïra invite dans sa correspondance le maire à «éviter la réception de cette importance infrastructure sportive tant attendue par la population de la commune de Sidi Chami» Selon des sources au fait du sujet, le marché de réalisation d'un gazon synthétique au stade communal de Sidi Chami, conclu il y a deux ans, a consommé un budget de 5,1 milliards de centimes après que l'état de la pelouse a pesé lourdement sur les activités sportives dans cette commune. En effet, les associations et les équipes sportives ont beaucoup souffert de ce problème. A ce propos, le président des équipes minimes, M. Boucif, dira: «Cela fait plus de deux ans que nous espérons pouvoir organiser des tournois de football pour les minimes, cadets et seniors. Malheureusement, la pelouse ne s'y prêtait pas. Nous n'avions alors d'autre choix que de les organiser dans d'autres stades. En fait, ce stade a besoin d'une pelouse de la quatrième ou de la cinquième génération. Nous espérons donc que ce problème soit réglé et pris en charge dans les plus brefs délais afin que nous puissions procéder aux entraînements des équipes, surtout en ce début de championnat de Régionale I. Vous savez, aller jouer loin de nos bases est une contrainte de plus pour nous.» Cette même préoccupation a été soulevée par l'entraîneur de l'équipe Machâl Sidi Chami, Aoufi Salem, qui a affirmé que «la pelouse de ce stade ne permet pas le jeu». «Certains joueurs ont même contracté des blessures lors des entraînements car la pelouse n'est pas bonne et ne répond nullement aux normes techniques d'une bonne pelouse synthétique. Cette situation nous a contraints à jouer en dehors de chez nous. Nous n'arrêtons pas de nous déplacer d'un stade à l'autre. On veut jouer chez nous», dira M. Aoufi. Ce problème, préoccupation majeure pour les professionnels du ballon rond, l'est également pour les supporteurs. Kamel A. en est un. «Cette situation nous oblige à nous déplacer d'un stade à l'autre pour suivre les matches et supporter notre équipe. Nous espérons voir le stade communal ouvrir, de nouveau, ses portes.» Réagissant à ce problème, le vice-président de la commune de Sidi Chami déclarera: «Le stade communal a été réalisé du temps de la présence coloniale et la commune a financé, sur son propre fonds, les travaux de sa réfection pour lesquels un budget de trois milliards de centimes a été dégagé.» «D'ailleurs, poursuit-il, les travaux sont presque achevés et la structure devrait être prochainement réceptionnée.» «Pour ce qui est de la pelouse, ajoute notre interlocuteur, je porte à votre connaissance que sa réalisation a été assurée par une entreprise privée sous l'encadrement et le suivi de la direction de la Jeunesse et des Sports, il y a de cela deux années.» Quant à l'inauguration de cette structure, prévue initialement le 5 juillet dernier, il dira: «Elle a été reportée pour des raisons que nous ignorons. Toutefois, je porte à votre connaissance que le ministre de la Jeunesse et des Sports, qui a visité le stade, s'est dit satisfait des travaux de réfection engagés par la commune.» Nous apprenons par ailleurs que «le comité de wilaya, chargé de l'approbation de qualification des stades, composée des représentants de la ligue régionale de football, de la gendarmerie, de la protection civile et de la commune, a reporté l'approbation de qualification du stade communal de Sidi Chami, à cause de l'indisponibilité de l'eau» pour procéder à des tests, comme l'affirme un élu de Sidi Chami qui a tenu à souligner que «le report de l'approbation de qualification n'a aucun rapport avec la question relative à l'état de la pelouse». Par ailleurs, le Premier responsable de la direction de la jeunesse et des sports de la wilaya d'Oran, Remaoune Abdelhafid, infirme toutes les données et informations contenues dans la correspondance adressée par le chef de daïra, en précisant que «la pelouse synthétique réalisée dans ce stade n'a pas été utilisée et elle est conforme aux normes techniques en vigueur». «Le projet a été achevé et livré depuis avril 2008, après le feu vert de la commission composée d'un représentant de la commune, d'un technicien, d'un ingénieur spécialiste au niveau de la direction de la jeunesse et des sports et d'un bureau d'études», précise-t-il en ajoutant: «Je tiens à souligner que la livraison provisoire a été faite et aucune réserve n'a été soulevée, encore moins mentionnée dans le procès verbal qui a été établi.» Le directeur de la jeunesse et des sports tiendra à souligner enfin que «le marché a été conclu au temps de son prédécesseur». Réagissant ensuite aux déclarations contenues dans la correspondance du chef de daïra, le directeur de la jeunesse et des sports s'interrogera: «Sur quelle base, il a été affirmé que la pelouse synthétique posée est vétuste. L'auteur de ces déclarations doit assumer sa responsabilité vis-à-vis des instances de tutelle. D'ailleurs j'ai demandé au wali, avant-hier, d'ouvrir une enquête sur cette question. Et la pelouse est conforme aux dernières normes techniques en vigueur et le marché a été conclu suivant les procédures réglementaires.» Pour ce qui est de l'attitude adoptée par le comité de qualification, le directeur de la jeunesse et des sports, conclura: «Je ne suis pas informé de cette question et je n'y ai pas été convoqué.» Notre interlocuteur a fini par rassurer, toutefois, en soulignant que «toute la lumière sera faite sur cette affaire».