Malgré les nombreuses actions entreprises sur le terrain pour la faire reculer, la désertification avance de plus en plus ses tentacules sur la wilaya des Béni-Chougrane, où les feux de forêts déclarés dans les monts surplombant la daïra de Bouhanifia, se liguent à l'abandon du drainage des plaines de Habra et de Sig. C'est du moins ce que nous laisse entendre une source proche de la Conservation des Forêts, selon laquelle le phénomène aurait déjà touché près de 50% du territoire couvert par les monts Béni-Chougrane, qui s'étendent sur quelque 260.000ha, dont 80% sont rattachés à la wilaya de Mascara. Selon la même source, ce constat n'a pas manqué d'influer négativement sur les ressources hydriques stockées dans le barrage de Bouhanifia, en partie envasé et celui de Fergoug que l'envasement total a transformé en simple zone humide d'accueil pour les oiseaux migrateurs, quand il ne sert pas de transit aux eaux de ruissellement en période d'intempérie. Toujours selon la même source, l'état des lieux aurait été favorisé par l'érosion, résultant elle-même de la diminution du couvert végétal et dont la sécheresse qui a duré plusieurs décennies, a concouru à dégrader cette région, entre autres, par le biais des feux de forêts, qui ont ravagé une bonne partie des massifs forestiers. Pour ce qui est de la plaine de Habra, très renommée jadis pour les agrumes produits par son périmètre irrigué, sa désertification est accentuée en partie par l'avance de la salinité du terrain, faute de drainage dont les réseaux hydrauliques ne sont plus que de vieux souvenirs. Cette dégradation aurait également touché la plaine de Sig, où de nombreuses oliveraies auraient été détruites, ce phénomène ayant été favorisé par la sécheresse et surtout l'abandon des opérations de drainage, auparavant pratiquées à grande échelle par les agriculteurs de l'ère coloniale, relayés pour quelque temps encore par les fellahs de la région, avec le résultat que l'on sait. Toujours est-il que selon la même source, «ces terres agricoles risquent d'être définitivement perdues et redevenir incultes, si jamais des mesures urgentes ne seraient pas prises pour contrecarrer ce phénomène», en précisant toutefois: «il s'agit des terres situées à proximité de la réserve protégée d'El-Mactaâ et qui restent les plus exposées à cette déperdition foncière agricole». Parmi les autres causes, citées par notre interlocuteur, comme étant également à l'origine de cette désertification rampante, figure la destruction d'une grande partie des couverts boisés par la chenille processionnaire. «Ce fléau nous a incité à déclencher une campagne d'éradication des nids de cette chenille sur quelque 3.500ha de massifs forestiers, à travers plusieurs procédés de traitement, y compris les pulvérisations aériennes», nous a-t-on précisé. Par ailleurs, l'absence de végétation au niveau de plusieurs zones de la wilaya de Mascara, a conduit les responsables du secteur à lancer une campagne de reboisement à grande échelle, se traduisant depuis 1999, par la mise en terre de plusieurs variétés d'arbres sur les 11.500ha plantés, parmi eux 3.500 hectares dédiés majoritairement au pin d'Alep et le reste étant consacré à l'arboriculture fruitière. Enfin, cette campagne qui n'est pas limitée dans le temps, est appelée à se poursuivre, selon la même source, jusqu'à la couverture végétale de la plus grande partie des terres menacées par le phénomène de la désertification.