Le FMI veut-il exercer un doux chantage sur l'Algérie afin de l'amener à acheter les obligations qu'il a émises sur le marché monétaire? Le ministre des Finances, Karim Djoudi, n'a pas écarté cette possibilité. Il a d'ailleurs souligné à l'APS, en marge des travaux du Comité de développement de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), que cette question est toujours à l'étude. «Nous sommes très pragmatiques sur cette question. Ce qui conduit notre gestion des réserves de change sont la sécurité et la liquidité. Si nos actifs sont sécurisés et si nous pouvons les retirer à tout moment, nous pouvons travailler avec ces institutions» a-t-il déclaré. Pourtant le Fonds monétaire international (FMI) continue de souffler le chaud et le froid envers l'économie algérienne. Il vient de publier deux rapports contradictoires sur l'Algérie. Le premier, paru le 2 octobre 2009, est inquiétant pour l'Algérie car remettant même en cause les prévisions gouvernementales de création de trois (3) millions d'emplois entre 2009 et 2013. Selon ce rapport, celles-ci nécessitant un taux de croissance de 6 à 7% sur cinq années rendent «irréalisables ces prévisions, les lois économiques étant insensibles aux slogans politiques». L'enquête, intitulée «évaluation et plan d'action» du FMI et de la Banque mondiale, montre que l'Algérie «ne respecte que 5 des 16 principaux critères de référence et que le système de gestion budgétaire du pays a besoin d'être considérablement amélioré si, au moins, 7 des critères de référence sont remplis». Selon le FMI, la performance de l'Algérie «est particulièrement mauvaise à toutes les différentes étapes de la formulation, de l'exécution du budget, de l'établissement de rapports et de la passation des marchés. Les importations, plus particulièrement celles liées aux projets dans les secteurs du transport et des travaux publics, augmenteront plus rapidement que les exportations, une analyse des coûts démontrant que les projets sont extrêmement coûteux». Quant au second rapport, établi avant-hier, il délivre un message beaucoup plus enthousiaste. Selon ce document, les pays exportateurs de pétrole du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord dont l'Algérie devraient augmenter leurs réserves à l'étranger de plus de 100 milliards de dollars en 2010, grâce à l'amélioration des cours du brut. La reconstitution des réserves internationales permettra au gouvernement algérien de «maintenir le niveau des dépenses publiques, et continuer à atténuer l'impact de la crise financière mondiale sur son économie». Le rapport intitulé «Perspectives économiques régionales», rendu public à Dubaï, estime qu'avec la remontée des cours du brut (à 70 dollars) et le rebond prévu de la demande mondiale, «les recettes pétrolières devraient augmenter et permettre à l'Algérie d'augmenter ses réserves financières». L'utilisation des réserves pour couvrir les dépenses des pays exportateurs de pétrole "a atténué les effets de la crise sur leurs propres économies et a eu des retombées positives pour leurs voisins", a reconnu le directeur du FMI pour le Moyen-Orient et l'Asie centrale, Masood Ahmed, qui prévoit pour l'Algérie un «taux de croissance de 4% en 2010». Il estime qu'il sera crucial pour l'Algérie de continuer «à renforcer les mécanismes de réglementation et de contrôle pour mettre les systèmes financiers à l'abri d'autres crises». A un moment crucial de l'histoire, (quand l'Algérie était au bord de la cessation de paiements), le FMI avait édicté ses directives directement au Gouverneur de la Banque , obligeant ainsi les autorités algériennes à modifier même le nom de la Banque Centrale d'Algérie (BCA) pour devenir Banque d'Algérie. Cette politique désastreuse et ruineuse pour le pays a été imposée à l'Algérie, lors de l'intervention du Fonds monétaire (FMI), au cours de l'échelonnement de la dette de l'Algérie. Et ce, sans oublier le rôle joué par le FMI en faveur du Club de Paris pour mettre l'Algérie dans une situation chaotique. Sans les recettes du pétrole et du gaz, l'Algérie aurait succombé définitivement. Quant au FMI, il ferait mieux de publier des informations transparentes concernant la gestion de ce fonds. Et d'éviter de demander à l'Algérie de lui acheter des bons sans valeur pour renflouer ses caisses destinées aux pays riches.