Dénonçant la surpopulation des classes et l'emploi du temps démentiel auxquels sont soumis professeurs et élèves des lycées, le doyen des PES de la wilaya de Aïn Témouchent estime que les salles de cours ne sont pas à confondre avec les amphithéâtres universitaires. La VO s'est rapprochée du doyen des PES, bientôt retraité et arborant plus de 30 années d'expérience à son compteur dans l'enseignement des sciences physiques, et qui remarque: «Il faut que l'on fasse la différence entre la salle de cours et l'amphithéâtre universitaire aux effectifs pléthoriques. Scientifiquement parlant, dira-t-il, le professeur (PES) doit communiquer avec ses élèves, autrement dit, les faire parler durant le cours, afin qu'ils comprennent ce qu'il est en train de leur enseigner. Mais lorsque ce professeur se retrouve devant 45 élèves par classe, les résultats ne pourront qu'être en deçà des résultats escomptés, pour ne pas dire très médiocres. Moins le nombre d'élèves est important, a-t-il ajouté, meilleurs seront leurs résultats scolaires. Malheureusement, déplore-t-il, le PES est réduit aujourd'hui au rôle de gardien de ses élèves, à l'image d'un berger gardant son troupeau d'apprenants qui ne font que le regarder, en ayant l'esprit ailleurs», a-t-il conclu. Un autre PES en mathématiques le relaiera pour fustiger «l'administration coupable d'avoir élaboré des emplois du temps robotisés, sans aucun fond pédagogique, pourvu que le PES fasse ses 18 heures requises. Je n'arrive pas à comprendre comment cette administration en est arrivée à programmer des séances d'éducation physique et sportives (EPS) le matin et à réserver les mathématiques pour l'après-midi, à l'intention d'une classe de terminale (3ème AS mathématiques), avec le Bac au bout de la lorgnette. Faut-il vous préciser que ces élèves viennent assister aux cours épuisés par leur séance de sport, prolongée par la digestion d'un repas dévoré à toute vitesse pour revenir à l'heure au cours, alors que le travail intellectuel, surtout en mathématiques, a besoin d'idées claires, comme seul sait en produire le cerveau dans les premières heures de la matinée. Enfin, c'est grave, quand un proviseur induit en erreur les parents d'élèves, en prétendant que toutes les matières se valent, alors que les coefficients accordés au Bac prouvent tout le contraire», a-t-il conclu. Ces déclarations interviennent au lendemain de la grève déclenchée par les professeurs de l'enseignement secondaire (PES), dans la journée du jeudi dernier et à laquelle ont adhéré pas moins de 17 lycées de la wilaya d'Aïn Témouchent, conformément à l'appel du bureau local de la coordination du CNAPEST. Selon le coordinateur, M. Kadri Youcef, des problèmes socioprofessionnels et pédagogiques sont les principaux facteurs de ce mouvement. Parmi les problèmes pédagogiques, il a révélé la persistance de classes qui comptent plus de 42 élèves. Rappelons que dans leurs revendications, les protestataires ont proposé à la direction de l'Education de la wilaya de Aïn Témouchent, d'alléger le nombre d'élèves par classe et d'ouvrir d'autres unités pédagogiques, «tant qu'il y a une possibilité de recruter des professeurs suppléants ou dans le cadre du dispositif ANEM», en estimant que «les normes requises nécessitent un professeur toutes les dix (10) heures par matière». Les professeurs interrogés aimeraient que les parents d'élèves agissent de concert avec eux, pour que leurs enfants ne soient pas les victimes d'un programme aussi démentiel. «Finalement, le tablier scolaire aura servi cette année d'arbre qui cache la forêt des véritables problèmes qui persistent: la surpopulation des classes affectée d'un sous-effectif endémique», nous rappelle un PES, pour qui «le phénomène des grèves est en train de repartir de plus belle.»