L'Algérie aura sa première centrale nucléaire dans vingt ans. Auparavant, elle avait beaucoup investi dans la recherche en faisant l'acquisition de deux réacteurs nucléaires. Outre l'Argentine, d'autres pays ont signé des accords de coopération avec notre pays dans ce domaine particulier. Il s'agit de la Chine et, dernièrement, un accord signé avec les Etats-Unis. Précisons bien que l'Algérie investit dans le nucléaire exclusivement à des fins civiles, pour développer plus particulièrement ce qu'on appelle l'énergie nucléaire civile et de mettre celle-ci au service de la médecine et de l'économie. Lorsqu'on sait que les réserves mondiales en pétrole et en gaz ne sont pas illimitées, et que pour étayer cette thèse qui est une vérité, les gisements découverts seraient moins importants que le volume des hydrocarbures extraits du sous-sol, il en découle fatalement que viendrait le jour où les approvisionnements en énergie emprunteront le chemin inverse de celui qui est pratiqué actuellement, à savoir que les grands pays industriels, grands consommateurs de pétrole et futurs grands producteurs d'énergie nucléaire, en deviendront des exportateurs. L'Algérie, pour ce qui la concerne, investit dans le nucléaire civil. Elle est membre de l'assemblée générale des pays qui ont signé le traité de non-prolifération nucléaire et soumet donc ses installations nucléaires à la surveillance des inspecteurs de l'AIEA, selon le protocole accompagnant la signature du TNP. L'Algérie ne développe aucune ambition en matière de nucléaire militaire et lutte même pour un désarmement généralisé avec la conviction que le monde sera menacé tant que les puissances nucléaires continuent à perfectionner leurs armes nucléaires et à rendre plus précis leurs missiles balistiques porteurs d'ogives nucléaires. On se rappelle quand même que lors de la conférence rassemblant à New York, en mai de l'année 1985, les pays signataires du TNP, aucun engagement des puissances nucléaires n'a été obtenu dans le sens où ces puissances ne devront pas utiliser les armes nucléaires contre des pays qui n'en possèdent pas et qui ne cherchent pas d'ailleurs à en posséder. Il y a là un déséquilibre flagrant et inquiétant pour l'avenir. Avec les attitudes prises par l'Union Européenne et les Etats-Unis, à l'égard du programme nucléaire civil de l'Iran alors que le DG de l'AIEA dément, selon les informations en sa possession, que ce pays possède un programme nucléaire militaire, il y a le risque que les grandes puissances nucléaires ont l'intention de créer un monopole sur la production et l'exportation d'énergie nucléaire, et ce, en interdisant aux autres pays d'enrichir l'uranium sur leur propre territoire, afin qu'ils soient, pour ce qui concerne leur développement économique, dépendants de ces puissances. Ce seront alors ces grandes puissances qui contrôleront le niveau de développement des pays en éternelle quête du développement. Pour mesurer les implications d'une dépendance, reportons-nous à l'exemple des populations de la bande de Gaza dont l'approvisionnement en énergie est utilisé par Israël à des fins politiques. Par Rochdi Ould Yahia