En tant que pays signataire du Traité de non-prolifération nucléaire, l'Algérie a le droit légitime d'accéder à la maîtrise de cette technologie à des fins pacifiques. Encore une fois, le programme nucléaire algérien suscite des réactions de l'Occident. Il ne s'agit pas de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) qui en parle, mais d'un écrivain spécialisé en la matière. Dans son livre intitulé Le marché noir de la bombe, consacré à la prolifération du nucléaire, Bruno Tertais, expert international dans les questions nucléaires, a consacré un passage au programme nucléaire algérien. L'auteur a classé l'Algérie dans les pays «à risque» du point de vue de la prolifération. Pour lui, l'Algérie reste «un candidat possible au statut de puissance nucléaire. Ses capacités dans ce domaine sont peu connues, mais pourtant bien réelles». L'écrivain compare la puissance de l'Algérie à celle de l'Egypte. «L'Algérie dispose d'une infrastructure nucléaire très importante, quasiment équivalente à celle de l'Egypte, et de solides compétences scientifiques et technologiques dans ce domaine, fédérées par plusieurs institutions de recherche (notamment le Centre des sciences et de la technologie nucléaires)», a-t-il écrit. Le même ouvrage retrace «les acquis» de l'Algérie dans le domaine du nucléaire, mais en n'apportant aucune nouveauté sur ce programme déjà déclaré à l'Aiea et connu de l'opinion nationale et internationale. En fait, Bruno Tertais a rappelé l'acquisition par l'Algérie du réacteur de Draria et celui de Aïn Ouessara. Voulant mettre en exergue «la puissance nucléaire de l'Algérie», l'écrivain écrit que l'Algérie souhaite s'imposer comme une première puissance nucléaire dans le monde arabe dépassant même l'Arabie Saoudite et l'Egypte. «Pour des raisons de statut, elle (l'Algérie, Ndlr), pourrait ne pas vouloir laisser l'Arabie Saoudite, et surtout l'Egypte, devenir la première puissance nucléaire arabe», a-t-il mentionné. Or, ce dernier pays dépasse de très loin l'Algérie en matière de capacités nucléaires. Le gouvernement égyptien s'est engagé, selon la presse locale, à se doter de quatre centrales nucléaire à l'horizon 2020. Avec ces quatre réacteurs, l'Egypte aura la capacité de produire quelque 4000 mégaWatts. Ce que l'auteur «omet» de mentionner dans son livre est que la course au nucléaire se multiplie dans la région. Les Emirats arabes unis (EAU) ont conclu, l'année passée, un accord de coopération avec le Japon et les Etats-Unis pour le développement de son programme nucléaire. Une année auparavant, les EAU avaient fait de même avec la France et la Grande-Bretagne. La Jordanie a signé un protocole d'accord avec la Korea Electric Power Corp en vue de lancer une étude de faisabilité pour l'implantation d'une centrale nucléaire dans la région de Akkaba. Le Koweït a annoncé qu'il veut sérieusement développer son énergie nucléaire. Le Bahreïn s'est déjà engagé dans une coopération nucléaire avec le constructeur russe de centrales nucléaires Atomstroïexport. Mieux encore, en 2006 les six pays du Conseil de coopération du Golfe (l'Arabie Saoudite, les EAU, Oman, Bahreïn, le Qatar, le Koweït) ont lancé une étude de faisabilité sur le développement d'un programme nucléaire commun. Compte tenu de ces données, quel danger représente l'Algérie avec ses deux réacteurs? Comment avec une capacité de 15 et de 3 mégaWatts, l'Algérie pourrait-elle s'imposer un jour comme la première puissance nucléaire de la région? Rien de tout cela. L'auteur revient, également, sur le soutien de l'Algérie à l'Iran. Or, ce maître de recherches à la Fondation pour la recherche stratégique a oublié, encore une fois, de rappeler que l'Algérie ne fait que reconnaître le droit légitime de tout pays, y compris l'Iran, à accéder à la technologie nucléaire à des fins pacifiques. Elle dénonce juste la politique du deux poids, deux mesures. Ce que l'auteur omet de dire à ses lecteurs, c'est que les deux réacteurs de Draria et de Aïn Ouessara sont déclarés à l'Aiea et ils sont sous le contrôle de cette Agence. Il faut, également, rappeler que l'Algérie a signé le Traité de non-prolifération nucléaire TNP. Les pays signataires du (TNP) ont le droit légitime et conventionnellement reconnu d'accéder à la maîtrise de la technologie nucléaire à des fins pacifiques répondant à des objectifs de développement. Il est important de s'interroger sur les véritables intentions de cet auteur qui place l'Algérie en tête des pays nucléaires à «haut risque», alors qu'il ménage les pays qui constituent un vrai danger, à l'image d'Israël. Pourquoi ce livre tombe-t-il maintenant, après notamment une perturbation des relations algéro-françaises? Il ne s'agit pas, certainement, d'un livre de littérature ni d'un roman policier, mais bel et bien d'un livre qui avance des informations nucléaires à caractère militaire!