La protestation des jeunes scolarisés s'étend en Kabylie. Après Azazga, Tademaït, Tizi-Ouzou et Draa El Mizan, ce sont les élèves de la ville de Draa Ben Khedda qui sont sortis hier dans la rue. Ils étaient nombreux à se retrouver, hier matin, au niveau du carrefour entre la rue principale et celle menant à la mairie. La foule juvénile grossissait à vue d'œil. Une heure plus tard, ils étaient plus d'un millier, écoliers, collégiens et lycéens, filles et garçons, à marcher vers les autres établissements de la ville pour tenter de faire sortir leurs camarades dans la rue. Une fois tous les établissements scolaires vidés de leurs élèves, la foule se mettra en branle pour réemprunter la rue principale aux cris de «Ulac Smah Ulac», entrecoupés par des slogans sur les exigences relatives au port du tablier et surtout à l'emploi du temps. Les manifestants, sous l'œil ahuri et interloqué des adultes, criaient ainsi leur hostilité à la réforme de l'enseignement. Approché, un groupe de lycéens déclarera : «Nous ne sommes pas des cobayes. Que le ministère essaie ces méthodes sur les enfants des nantis, nous, nous avons un avenir à préparer, et surtout nous n'avons pas d'autre collège ou lycée pour le faire !» Une lycéenne criera : «Nous sommes des terminales et avec ces chamboulements des emplois du temps, on ne sait plus à quel saint se vouer. Pour ce qui est des blouses, on ne les portera pas, un point c'est tout !» De fait, en suivant certains lycéens de terminale, on comprend leurs motivations : «Nous sommes à quarante-cinq en classe et il faut suivre, durant huit heures d'affilée, les cours, c'est tout simplement démentiel!» Quand on leur explique les derniers aménagements apportés par le ministre de l'Education, à savoir la modulation des heures sur certains jours de la semaine, comme, à titre d'exemple, le mardi ou le samedi, les manifestants diront : «C'est une preuve que l'on joue avec notre avenir. On est donc incapable de régler pédagogiquement cela.» D'autres lycéennes insisteront, elles, sur l'heure de sortie le soir. Elles feront remarquer que «l'hiver sera bientôt là et dix-sept heures, en hiver, c'est la nuit !» Pour tous, la protesta est ainsi bien partie pour ne pas cesser de sitôt. Ce qui est attendu, c'est tout simplement une solution idoine et non pas des rafistolages du ministère. Les jeunes protestataires, une fois le tour de la ville accompli, ont regagné leurs domiciles dans le calme. Encore une journée de travail de perdue et des problèmes en perspective !