Debdaba, un quartier de la banlieue sud de Mostaganem, vit une bidonvilisation d'une ampleur sans précédent. Les centaines de familles qui pensaient y avoir trouvé refuge depuis plusieurs années, sont désormais parquées comme des bêtes derrière un enclos de grillage. Les locataires des lieux occupent des espaces vitaux entourés de ferrailles de toutes sortes, à l'abri de toiles ou d'écrans plastiques. L'insalubrité y fait force de loi, car les règles d'hygiène les plus élémentaires y sont inexistantes. Des tas d'ordures ménagères décorent les lieux parsemés de vestiges d'excréments humains. «Il y a quelques mois, ce camp de misère n'accueillait pas plus de 180 familles», apprend-t-on de sources administratives chargées de leur recensement. Selon les mêmes sources, ce nombre dépasserait actuellement les 300 foyers. Pour limiter les dégâts, l'APC a sommé près d'une centaine de familles nouvellement installées, de quitter les lieux, en menaçant de démolition tous les taudis récemment érigés. C'est du moins le contenu des avertissements reçus par les indus occupants, si l'on en croit Abderrahmane T. et Mustapha B., porte-parole des habitants de ce camp et dont l'âge ne dépasse pas la quarantaine. Ces derniers que nous avons contactés, ces derniers jours sur les lieux, nous diront: «Des familles se présentent tous les jours, pour dresser des baraques sur le site, que nous occupons depuis plusieurs années, dans le but évident de se faire recenser en vue d'un relogement hypothétique». «Ces familles, nous dira Kada B. un quinquagénaire, viennent pour la plupart des zones rurales de Achâacha, Tiaret, Relizane et même du Sud». «D'ailleurs, concluent tous les trois, ce camp est devenu le réceptacle de tous les maux sociaux, à commencer par la débauche.» « Pire, nous interpellent quelques mères de familles, la tuberculose, les rats et les scorpions en été font désormais partie de notre décor quotidien...» Placés face à cette situation porteuse de tous les dangers de dérives, les services administratifs concernés ont lancé ces derniers jours, des travaux pour entourer ce camps de misère par du grillage, afin de limiter son expansion et pour en interdire l'accès aux nouveaux «réfugiés». Cette invasion est déplorée en bloc par les anciens occupants, qui nous montrent des récépissés de dépôt de dossier de demandes de logements, datant de plus de 6 ans. «On nous enferme comme du bétail dans cet enclos. C'est tout ce qui manquait à l'Etat pour transformer ces lieux en camp de réfugiés de guerre», disent-ils, les nerfs à fleur de peau. Ce constat se veut un appel de détresse lancé par ces citoyens, dont les enfants ont par ailleurs d'énormes difficultés à rejoindre leur établissement scolaire à pied. Selon des sources administratives, parmi elles la direction de l'Urbanisme et de la construction (DUC), un programme de 500 logements de type RHP serait inscrit pour toute la wilaya de Mostaganem. De quoi éradiquer ce camp et bien d'autres encore. Les assiettes de terrain seraient déjà localisées et n'attendent plus que le coup d'envoi des travaux. «En attendant, assurent-ils, les nouveaux arrivants venus s'entasser en ces lieux, seront évacués vers leurs communes et wilayas d'origines où d'autres programmes du même type sont également annoncés», est-il souligné.