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Le président de l'UGEA à La Voix de l'Oranie
«Dans une économie de marché, il n'y a pas d'interdit»
Publié dans La Voix de l'Oranie le 12 - 11 - 2009

L'Union générale des entrepreneurs algériens (UGEA) a organisé, mardi dernier, à l'université Djillali Liabès de Sidi Bel-Abbès, une journée d'étude consacrée exclusivement au thème du sable de béton.
La rencontre, qui a réuni un grand nombre d'opérateurs du BTPH et de chercheurs nationaux et étrangers, des Italiens notamment, a permis aux participants de faire le point sur la recherche dans le domaine et évaluer ainsi les solutions alternatives à l'utilisation du sable de mer et le recours à d'autres matériaux de substitution possédant des propriétés similaires pour la confection du béton.
En marge de cette journée d'étude, le président national de l'UGEA, le docteur Dennouni Abdelmadjid, a bien voulu répondre à nos questions concernant l'opportunité du choix d'un thème, foncièrement technique, mais qui soulève un grand sentiment d'inquiétude chez les entrepreneurs algériens, suite aux mesures d'interdiction frappant l'utilisation du sable de mer et de rivière qui entre traditionnellement dans la confection du béton, doublé du silence des services techniques et des décideurs quant à la proposition de solutions alternatives.
-La Voix de l'Oranie:
Une grande journée d'étude consacrée exclusivement au sable de béton. Pourquoi un tel thème?
-Dr Dennouni Abdelmadjid:
Tout d'abord, il y a l'interdiction de l'utilisation des sables d'oued pour la confection de béton de qualité. Il y a, ensuite, une seconde interdiction qui devrait intervenir, bientôt, autour du même objet. Ce constat fait, quelle alternative reste-il aux entrepreneurs pour faire du béton de qualité? Quel sable doit-on utiliser? Celui de l'oued et de la mer ou celui des carrières et des sablières? C'est aux experts et aux spécialistes du contrôle technique de la construction de nous le dire, à l'issue de cette journée d'étude. La question reste posée. Le sujet nous interpelle en tant qu'organisation d'entrepreneurs. Les opérateurs de Naâma et de M'sila, par exemple, se sont plaint car ils disposent chez eux de beaucoup de sablières et on leur interdit d'utiliser le sable de dune pour la confection du béton. D'où vont-ils se procurer ce matériau? Naâma se trouve à 400 kilomètres du littoral et, de plus, le sable de mer est frappé lui aussi d'interdiction. Il faut que les services techniques compétents et le ministère de tutelle concerné trouvent une solution à cet épineux problème. Il faut nous donner des formules et nous dire à quels types de sable devons-nous recourir pour la réalisation du béton. Les entreprises algériennes veulent savoir, s'informer auprès des experts. C'est le but recherché à travers l'organisation de cette journée d'étude.
-La VO:
Puisque le problème se pose dans l'urgence, quelles sont les mesures que vous attendez dans l'immédiat de la part des décideurs?
-Dr D.A:
Les experts doivent nous dire quel sable doit-on retenir pour la confection du béton. Le ministère de l'Industrie a vendu, aux enchères, beaucoup de gisements pour la mise en exploitation de sablières. Des explorations et des aménagements ont été réalisés sur les sites, des études menées par les services des mines ont démontré que le sable de dunes est bon pour le béton, mais beaucoup de services techniques continuent d'opposer un refus concernant son utilisation. Que les services concernés –Mines, Habitat et organes de Contrôle technique (CTC)- se mettent d'accord sur la question. Les entrepreneurs n'auront qu'à appliquer ce que leur diront les services techniques dans leur ensemble. Mais, ces mêmes services sont tenus de nous proposer des solutions.
-La VO:
En tant que représentant d'une profession engagée de plain-pied dans la réalisation d'un important programme de construction à l'échelle nationale, quelle est la meilleure alternative, selon vous, pour régler définitivement ce problème de sable?
-Dr D.A:
Le Sahara et sa mer de sable sont à nos portes. Il faut mener des études là-dessus pour permettre aux entreprises d'utiliser, avec des formules adéquates, ce type de sable ainsi que celui des carrières pour la confection d'un béton de qualité. La solution est là.
-La VO:
Est-ce que l'outil de réalisation dispose des moyens nécessaires, en termes d'équipements et d'expertise, pour passer ce cap difficile en vue d'une utilisation optimale de matériaux locaux autres que les sables de mer et de rivière?
-Dr D.A:
Les grandes entreprises de réalisation en Algérie ont leurs propres laboratoires. Aucune d'elles ne s'aventurera, par exemple, à réaliser un barrage avec du mauvais béton. Elles n'attendent pas des avis techniques extérieurs pour faire des analyses. Par contre, et c'est là où le bât blesse, c'est lorsqu'on sait que, parmi les 240.000 entreprises du BTPH en Algérie dont 1.000 à 2.000 de grande ou moyenne taille, une grande majorité ne dispose pas encore de laboratoires. Celles-ci sont, donc, contraintes de solliciter les services du CTC pour les analyses de béton, leur indiquer les sablières adéquates, etc. Nous attendons l'implication directe des unités des organismes de contrôle pour nous aider, nous entrepreneurs algériens, à voir plus clair dans ce domaine là pour réaliser du bon béton. L'université doit ouvrir ses laboratoires aux entrepreneurs algériens. Le CTC doit nous aider aussi et ne pas se confiner dans l'interdit et le rejet de toute solution alternative. Dans une économie de marché, il n'y a pas d'interdit; il y a la régulation, le contrôle et la proposition de solutions.
Propos recueillis par A. Abbad


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